Le mercredi 28 mai 2025 à 22:20
Un adolescent de 16 ans de nationalité afghane a été condamné à huit ans de prison ferme pour le meurtre de Matisse, 15 ans, poignardé en pleine rue à Châteauroux (Indre) le 27 avril 2024.
Le tribunal pour enfants de Châteauroux, statuant en matière criminelle, a rendu son verdict ce mercredi, à l’issue de trois jours d’audience. Le jeune homme, reconnu coupable, a également été condamné à un suivi socio-judiciaire de 15 ans et à une injonction de soins. Il dispose d’un délai de dix jours pour faire appel. Son avocat n’a pas souhaité faire de déclaration.
Les faits, survenus dans le quartier Saint-Denis, avaient profondément marqué la ville. Selon le père de la victime, tout serait parti d’"une battle, classique, où ça se 'clashe'. Matisse s’est moqué, l’autre l’a mal pris. Ils se sont battus, Matisse a eu le dessus". Le principal suspect "est alors rentré chez lui, puis revenu avec un couteau, et il l’a planté". L’adolescent avait reçu plusieurs coups de couteau, dont un fatal, porté au cœur.
Une «altération du discernement»
Avant l’ouverture du procès, David Marcat, procureur de la République de Châteauroux, avait rappelé : "Les faits sont qualifiés de meurtre, punissables de trente ans de réclusion", mais "compte tenu de l’excuse obligatoire de minorité", la peine maximale encourue était de 15 ans. Le tribunal a en fin de compte retenu une "altération du discernement". Les experts ont décrit le jeune condamné comme "psychotique, en isolement affectif, ayant du mal à se lier avec ses pairs et souffrant de désordres cognitifs".
Le juge s’est exprimé à l’issue du délibéré, soulignant que le mineur avait déjà été mis en cause dans au moins deux autres affaires. Il a affirmé que "pour éviter un autre Matisse", d’autres mesures auraient pu être envisagées plus tôt, se démarquant ainsi de la position de certains de ses confrères opposés à un durcissement de la justice des mineurs.
La mère sera prochainement jugée
Par ailleurs, la mère du condamné, âgée de 37 ans au moment des faits, a été mise en examen pour des faits qualifiés de "violence sur personne vulnérable sans incapacité", selon le parquet de Bourges. Elle aurait "asséné des gifles à la victime". Elle sera "prochainement jugée devant le tribunal correctionnel", a indiqué le procureur, sans préciser de date.
Le meurtre de Matisse avait provoqué une forte vague d’émotion à Châteauroux. Le 4 mai 2024, près de 8000 personnes avaient participé à une marche blanche. Des loutres, symbole choisi par ses proches, avaient fleuri sur les vitrines de la ville et sur les réseaux sociaux. Un important dispositif de sécurité avait été mis en place autour du tribunal pendant le procès. Des CRS venus de Sancerre avaient été mobilisés, et des grillages fermaient les accès au Palais de justice.