Mort par balle d'un conducteur à Aulnay-sous-Bois en 2022 : le policier renvoyé devant la cour criminelle

Les juges d'instruction ont ordonné le renvoi devant la cour criminelle du policier accusé d'avoir tiré sur Jean-Paul Benjamin, mortellement blessé à Aulnay-sous-Bois en mars 2022. Le fonctionnaire est poursuivi pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner".
Mort par balle d'un conducteur à Aulnay-sous-Bois en 2022 : le policier renvoyé devant la cour criminelle
Jean-Paul Benjamin a été mortellement touché par le tir d'un policier qui a traversé la carrosserie du véhicule. (A17)
Par Actu17
Le vendredi 6 septembre 2024 à 19:45

Les juges d’instruction chargés de l’enquête sur la mort de Jean-Paul Benjamin, un automobiliste mortellement blessé par le tir d'un policier à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), en mars 2022, ont ordonné le renvoi du fonctionnaire de 35 ans pour "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner par une personne dépositaire de l’autorité publique", a-t-on appris de source judiciaire, confirmant une information de l'AFP. Le policier avait été mis en examen en avril 2022 et placé sous contrôle judiciaire. Il sera jugé devant la cour criminelle départementale de Seine-Saint-Denis.

Les faits se sont déroulés le samedi 26 mars 2022. Jean-Paul Benjamin, alors âgé de 33 ans, à la tête d’une société de transport de marchandises et en conflit avec un intermédiaire de la multinationale Amazon pour des factures impayées, a dérobé un fourgon rempli de colis à des livreurs. Ces derniers signalent le vol à la police et l'alerte est donnée sur les ondes police.

Une patrouille de la brigade anticriminalité (BAC) repère le véhicule volé, de type Volkswagen Transporter, sur l'avenue Suzanne-Lenglen, alors que la circulation est dense. Jean-Paul Benjamin attend que le feu soit vert pour redémarrer et se diriger vers la cité du Gros-Saule à Aulnay-sous-Bois.

Le conducteur redémarre, le policier tire

L'un des policiers descend de sa voiture banalisée de service, et tout se déroule ensuite en quelques secondes. Dans ses premières déclarations, le brigadier a expliqué "s'être placé au niveau de la vitre conducteur, avoir levé son arme en criant "police !" et disait avoir tenté à plusieurs reprises d'ouvrir la portière qui était verrouillée", avait exposé le procureur de la République, Éric Mathais. Le conducteur a alors redémarré. Le policier a tiré un coup de feu, touchant mortellement Jean-Paul Benjamin à l'omoplate. La balle a traversé la carrosserie du véhicule utilitaire et a impacté plusieurs organes vitaux du trentenaire, avant de se loger dans son foie, provoquant une hémorragie interne. Le conducteur a poursuivi sa route quelques centaines de mètres, avant de s'arrêter en percutant un véhicule en stationnement dans l'allée de la Pérouse, dans la cité des Beaudottes, à Sevran.

Durant ses auditions, le policier a déclaré avoir tiré par crainte pour sa vie et celles des piétons. L'exploitation des vidéoprotections n'a pas montré un comportement dangereux du conducteur. "En l’absence d’élément de danger immédiat, l’usage d’une arme en direction du conducteur n’est pas absolument nécessaire et est surtout disproportionné face au simple risque de fuite d’une personne soupçonnée du vol d’un bien", ont écrit les juges. Plusieurs nuits de violences urbaines avaient eu lieu à Sevran, Aulnay-sous-Bois et Tremblay-en-France, à la suite du drame.