Le jeudi 21 avril 2022 à 22:58
Deux policiers ont comparu devant le tribunal correctionnel de Paris ce mercredi pour avoir publié, il y a deux ans, des messages soupçonnés d’être racistes, dans un groupe Facebook nommé "TN Rabiot Police officiel", comptant 8000 membres. Patrick C. et Fabrice D-P, un brigadier et un gardien de la paix, membres de ce groupe Facebook ont été jugés pour "injure publique à caractère racial", et le second prévenu également pour "provocation publique à la discrimination".
Patrick C., brigadier de 44 ans, s’est vu reprocher ce commentaire : "Ce pays est vraiment devenu la poubelle du monde… Plein le cul vraiment, et on se demande pourquoi les Français ne supportent plus l’immigration". "Ça continue par rentrer par tous les trous", a-t-il ajouté, évoquant une "immigration ni choisie, ni qualifiée, ni rien du tout". A la barre, le fonctionnaire a expliqué qu'il avait eu une réaction "émotionnelle" à l’attentat de Romans-sur-Isère (Drôme), en avril 2020, qui selon lui est un "télescopage entre un réfugié soudanais", auteur de l’attaque, "et la verte campagne française, qui [l]’a frappé plus que d’autres drames".
Une réaction "émotionnelle"
Lors de l’audience, face aux associations parties civiles (Licra, Maison des potes, SOS Racisme) dénonçant une "chosification" des immigrés, Patrick C. a reconnu une réaction "émotionnelle" à l’attentat de Romans-sur-Isère (Drôme), en avril 2020, selon lui un "télescopage entre un réfugié soudanais", auteur de l’attaque, "et la verte campagne française, qui [l]’a frappé plus que d’autres drames".
Ce commentaire en ligne "(n’)est pas tellement passé par les filtres du cerveau", a convenu le quadragénaire qui est affecté dans le sud-ouest et qui n'était pas assisté d'un avocat. Il s'est par ailleurs qualifié de "porte-parole du choc face à l’immigration 'irrégulée'", rejetant avoir été l'auteur de la moindre infraction.
Le second prévenu, Fabrice D-P, gardien de la paix de 51 ans, placé en disponibilité de la police nationale, ne s’est pas présenté à l’audience. Ce dernier vivrait actuellement en Thaïlande. Il a été jugé, en son absence, pour avoir écrit : "Toujours la même merde qui brave tous les interdits dans ce pays. Les "gauchiasses" puants et les immigrés qui ne fer(ont) même pas 1/10e du quart de ça chez eux. Comme Trump ! Il a dit du plomb !". Des propos "orduriers et inacceptables", a estimé son collègue, Patrick C.
La représentante du parquet a requis trois mois d’emprisonnement avec sursis à l’encontre de Patrick C., et une amende de 9000 euros à payer sous 90 jours contre le second, ce qui représente "une sanction plus sévère". Plusieurs associations se sont portées parties civiles dans cette affaire, notamment la Licra, Maison des potes, ou SOS Racisme.
Un signalement du ministre de l'Intérieur
Le ministre de l’Intérieur de l'époque, Christophe Castaner, avait signalé ce groupe à la justice face aux "centaines" de messages racistes, sexistes et homophobes, ainsi que des appels au meurtre, suite à l'enquête publiée par StreetPress en juin 2020. "J’ai quand même la désagréable impression que je vais prendre pour tout le monde", a réagi Patrick C., à l'audience.
Deux autres policiers entendus au cours de l’enquête n’étaient pas cités à comparaître, tandis que deux autres membres du groupe, ciblés par le parquet, n’ont pas pu être identifiés.