Le mardi 29 mars 2022 à 00:21 - MAJ mardi 29 mars 2022 à 10:32
INFO ACTU17. Juanito Chainay, membre du grand banditisme francilien, a été condamné à 3 ans de prison ferme, ce lundi 28 mars, par le tribunal correctionnel de Paris. Ses deux complices ont écopé respectivement de 1 et 2 ans de prison. Ces trois prévenus étaient poursuivis pour un vol à la fausse qualité commis, vendredi dernier, au domicile parisien de l’écrivaine Nathalie Rheims.
Chemise et pantalon immaculés, Juanito Chainay, alias « Tito » fait bonne figure. Debout, aux côtés de ses deux complices, Maywes W., 33 ans et Henri A., 61 ans, dans le box des prévenus, « Tito », 35 ans s’exprime posément et prend le soin de ne jamais hausser le ton. Même quand la présidente du tribunal, en charge de l’audience des comparutions immédiates, ce lundi 28 mars, le coupe et le recadre.
« On a fait une bêtise » tente, enfantin, celui qui compte déjà six condamnations à son casier judiciaire, et dont la première remonte à 2009. La « bêtise » en question se résume à avoir berné l’écrivaine Nathalie Rheims et son époux, dans la matinée du 25 mars, dans leur appartement parisien de la place de la Madeleine (VIIIe), en leur faisant croire à l’intervention d’un plombier, puis de deux policiers, avant de leur dérober pour 300 000€ de bijoux et montres de luxe contenus dans deux coffres-forts... Butin en poche, le trio n’a pas pu en profiter longtemps puisqu’il a été interpellé, en flagrant délit, dès la sortie de l’immeuble de la victime. « Tito » et ses comparses ne savaient pas qu’ils étaient sous l’étroite surveillance de la brigade de recherche et d’intervention nationale (BRI Nat) depuis 7h55, le jour des faits, et leur départ d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), au volant d’une Peugeot 308 volée.
« Moi, j’ai parlé gentiment à la dame, y’a pas eu de violences »
« Comment vous êtes-vous retrouvé dans cette affaire ? » questionne la présidente. « C’était une commande, avance Juanito Chainay, par ailleurs neveu de Marc Hornec, que l’on présente, avec ses deux frères, comme les parrains de la pègre parisienne. C’est une tierce personne qu’on voit de temps en temps qui nous a donné le coup et qui a fait les repérages. Nous, on avait un petit papier avec une adresse, le nom de la personne et des indications pour trouver son appartement ». « C’est une infraction qu’est pas beau qu’est moche, se hasarde-t-il encore. Moi, j’ai parlé gentiment à la dame, y’a pas eu de violences. Là, c’est la vérité ce que je vous dis ».
C’est Nathalie Rheims qui a ouvert la porte à « un homme qui portait un blouson avec une inscription professionnelle et qui s’est présenté comme plombier », rappelle la magistrate. « Il a indiqué que le ballon d’eau chaude situé dans le cabinet d’avocats au 3ème étage avait explosé et qu’il devait faire des vérifications », poursuit-elle. C’est Maywes W. qui a endossé l’habit du faux plombier. « Quand je suis rentré chez cette dame, c'était bien pour un vol, reconnaît-il. Mais elle ne devait pas être là normalement. Au départ, ça devait être un cambriolage simple ». « Une fois le plombier reparti, Mme Rheims a entendu des grands coups dans sa porte d’entrée puis quelqu’un dire : Police ! On vient d’arrêter un cambrioleur, ouvrez ! » relate la présidente. L’écrivaine, 62 ans, à la santé fragile, s’est alors retrouvée face à un homme, vêtu « d’une veste et d’une casquette de police », exhibant « une carte professionnelle ». « Je vous dépose ce qui vous a été volé », aurait alors décliné le faux policier, joué par Juanito Chainay, avant de remettre papiers, chéquier et portefeuille à la victime. Son époux se serait ensuite « rué », selon les termes de Henri A., sur ses coffres-forts pour en vérifier le contenu. Une « aubaine » dont a su profiter l’un des voleurs en s’emparant, « après un moment d’inattention », de « cinq, six ou sept coffrets » renfermant des bijoux et des montres de luxe…
Pare-soleil siglé Police et talkie-walkie
L’un des comparses, qui porte des gants, a ensuite demandé un « torchon mouillé » aux occupants des lieux pour procéder au « prélèvement des empreintes » et en a surtout profité pour pulvériser un liquide, dont la nature n’a pas été précisée, sur les coffres et une table. Les deux faux enquêteurs ont rapidement quitté le logement de Nathalie Rheims devant l’insistance de cette dernière à vouloir « revoir » leur carte professionnelle, après avoir eu de sérieux doutes sur leur réelle qualité.
Dans la fouille du véhicule volé utilisé par Juanito Chainay et ses complices, les policiers ont notamment retrouvé un pare-soleil siglé Police, une fausse carte Veolia et un talkie-walkie. Pour justifier de sa participation à ces faits, « Tito » a assuré être en proie « à des difficultés financières ». Son activité d’auto-entrepreneur dans le « ravalement-toiture-dallage » ne lui rapporte pas ce qu’il escomptait… Son salaire de « 1700-1800 € » ne lui permet pas de subvenir aux besoins de sa femme et leurs deux enfants, logés dans un mobil-home sur un terrain à Montreuil-sous-Bois.
Déjà mis en examen dans une affaire similaire
Mais Juanito Chainay n’aurait jamais dû se trouver en liberté au moment du vol par ruse chez Nathalie Rheims. Déjà mis en examen dans une affaire en tout point semblable, en décembre dernier, par une juge d’instruction de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Paris, « Tito » avait été placé sous contrôle judiciaire à la demande de la magistrate. Une décision infirmée par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris. Lors de son passage devant les magistrats de la cour d’appel, Juanito Chainay, souffrant du Covid, s’était vu signifier son placement en détention provisoire, à l’issue de l’audience, mais avait été prié de revenir « plus tard » pour être incarcéré après s’être soigné…