Paris : Prison ferme pour l'équipe du call center qui livrait la cocaïne et la drogue de synthèse à domicile

Trois hommes et trois femmes ont écopé ce jeudi de peines de prison ferme pour s'être livrés à un trafic de drogue d'ampleur en région parisienne, par l'intermédiaire d'un call center sur Snapchat où les clients pouvaient passer commande.
Paris : Prison ferme pour l'équipe du call center qui livrait la cocaïne et la drogue de synthèse à domicile
Illustration. (Shutterstock)
Par Actu17
Le vendredi 20 mai 2022 à 17:31

C’était le réseau Mike, connu aussi sous le nom de "pharmacie mobile" sur Snapchat. Trois hommes et trois femmes, âgés de 20 à 28 ans, qui avaient mis en œuvre un call center qui livrait du cannabis, de la cocaïne et des drogues de synthèse dans toute la région parisienne ont été condamnés jeudi soir par le tribunal correctionnel de Paris, à des peines de seize mois dont quatre mois ferme, à 4 ans de prison dont trois ferme.

C’est en septembre 2020 que cette affaire commence à Paris. Deux femmes, âgées de 27 et 28 ans, sont interpellées à bord d’une voiture alors qu’elles sont en train de livrer de la drogue. Un mode opératoire surnommé "Uber shit" dans le jargon policier. A l'intérieur du véhicule, les forces de l’ordre mettent la main sur vingt téléphones. Les clients passent commandes sur des petits appareils et les adresses sont transmises aux livreurs grâce à des iPhones et la messagerie chiffrée Signal. "Les livreurs changent tout le temps mais il en faut au moins deux par jour", raconte l’une de ces femmes.

Déjà interpellées en 2019

Les deux suspectes qui vivent ensemble à Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne) avaient déjà été interpellées en 2019 pour des faits identiques. L’une d’elle explique qu’elles assurent des fonctions de standardiste mais qu’elles en profitent aussi pour détourner certaines commandes pour leur propre compte. Elles livrent de la cocaïne qu’elles achètent à Argenteuil (Val-d’Oise).

Le réseau est dirigé par deux copains : Yamine et Marvin. Ils se fournissent en résine de cannabis, en cocaïne, en kétamine et en MDMA, et recrutent aussi des livreurs, des hommes et des femmes qui parcourent toutes l’Île-de-France à la rencontre des clients. La copine de Yamine et son beau-frère lui donnent un coup de mains pour livrer ou recharger les livreurs. Dans un premier temps, la drogue est stockée à Champigny (Val-de-Marne). Puis Marvin loue un appartement "nourrice" rue de l’Atlas à Paris (XIXe).

Les enquêteurs de la brigade des stups estiment qu’un millier de clients ont recours à leurs services. Le call center réaliserait un chiffre d’affaires de 10 000 euros par mois. Pendant cette période, plusieurs livreurs sont interpellés mais les activités se poursuivent jusqu’en juillet où, lassés, les deux amis décident de passer la main et de revendre leurs fichiers clients. Durant les débats, tous les protagonistes de ce dossier sont passés aux aveux apportant certaines nuances concernant leurs rôles.

30 000 euros par semaine

Le procureur, lors de ses réquisitions, assure que cette affaire était très lucrative et largement sous-estimée par les prévenus. Il estime que le chiffre d’affaire était probablement de 30 000 euros par semaine, étant donné que la plateforme assurait de 12 à 20 livraisons par jour et devait avoir entre 2000 et 3000 clients réguliers.

L’avocat d’un des gérants, Me Mbeko Tabula affirme que "son client est un opportuniste qui a voulu arrondir ses fins de mois et qui s’est fait attraper". Celui de son complice et ami a tenté d’expliquer qu’il n’était pas le chef autoritaire du réseau, qui était organisé de manière horizontale. Les autres défenseurs ont tous plaidé l’accident de parcours.