Le mercredi 11 décembre 2024 à 10:45
Un major de CRS de 53 ans sera jugé à Paris pour "blessures involontaires" sur Gabriel Pontonnier, un manifestant "Gilet jaune" ayant perdu une main lors de l'explosion d'une grenade GLI-F4, le 24 novembre 2018, en marge de l'acte II du mouvement des Gilets jaunes. Cette décision a été ordonnée le 4 décembre par un juge d’instruction, malgré les réquisitions de non-lieu formulées par le parquet.
Le magistrat instructeur a estimé que le policier n’était pas "animé par une volonté" de blesser Gabriel Pontonnier, mais qu’il n’avait pas pris les précautions nécessaires avant d'utiliser la grenade. Le juge a souligné que le tir avait été effectué "en direction d’un groupe d’individus" alors que "d’importantes quantités de fumée" et "l’obscurité" empêchaient une bonne visibilité. De plus, le policier ne se trouvait pas en binôme avec un superviseur, comme le prévoit la procédure d’utilisation de cette arme dite intermédiaire.
Le major sera également jugé pour "blessures involontaires" sur le frère et le cousin de Gabriel Pontonnier, présents à ses côtés lors de l'explosion.
Face au magistrat instructeur, le policier, Jackie D., a assuré avoir tiré au "meilleur endroit" possible pour lancer la grenade GLI-F4, un dispositif contenant 25 grammes d’un explosif provoquant une onde de choc, un effet assourdissant et la dispersion de gaz lacrymogène. Cette grenade, régulièrement critiquée pour ses effets mutilants, a été interdite en France depuis 2020.
«Nécessaire et proportionné» selon le parquet
L’analyse du juge d'instruction contraste avec celle du ministère public, qui estimait l'usage de la grenade "nécessaire et proportionné", et réalisé dans le cadre légal prévu. Dans ses réquisitions d’avril, le parquet avait également souligné que Gabriel Pontonnier avait pris des risques en se rapprochant de la grenade "pour s’en saisir".
Les avocats de la famille Pontonnier, Mes William Bourdon, Vincent Brengarth et Emma Eliakim, ont salué auprès de l'AFP la décision de renvoyer le policier devant un tribunal, la qualifiant de "fruit d’une application rigoureuse des textes régissant l’emploi de la grenade GLI-F4". Selon eux, cette "avancée récompense le travail acharné mené avec la famille depuis plus de six ans", bien qu’ils regrettent le non-lieu prononcé sur le chef de mise en danger.