Le samedi 25 novembre 2023 à 17:57
Bagui Traoré, 31 ans, frère aîné d'Adama Traoré, décédé en 2016 après son interpellation par des gendarmes, a été condamné et incarcéré ce vendredi soir. Le tribunal correctionnel de Pontoise l'a reconnu coupable d'extorsion et lui a infligé une peine de trois ans de prison. La décision a été motivée par "la gravité des faits, en état de récidive" et tient compte du lourd passé judiciaire de Bagui Traoré, déjà condamné 17 fois, dont quatre pour extorsion, a rappelé le tribunal.
Comme révélé par Actu17, le 15 octobre dernier, Bagui Traoré a extorqué 600 euros à un individu qui avait témoigné contre lui dans son procès, qui s'était tenu aux assises du Val-d'Oise, et qui portait sur des accusations de tentative de meurtre sur des gendarmes, durant les émeutes consécutives au décès de son frère Adama, en juillet 2016. Bagui Traoré avait été acquitté.
Deux jours plus tard, il avait de nouveau menacé le même homme, réclamant 1000 euros supplémentaires et brandissant la menace d'une séquestration, pour obtenir une rançon de sa famille.
«Toute ma vie est ruinée»
À l'audience, la victime a exprimé sa détresse, affirmant que Bagui Traoré avait "ruiné" sa vie. "Toute ma vie est ruinée. Il sait même pas à quel point j'ai envie de le buter", a-t-elle déclaré. Bagui Traoré, quant à lui, a reconnu avoir "été allé un peu loin" mais a nié avoir menacé la famille de la victime. Le procureur, soulignant que ce procès n'était pas un acharnement judiciaire, a requis trois ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt.
L'avocat du prévenu, Maître Florian Lastelle, a critiqué la décision du tribunal, la qualifiant de politiquement peu judicieuse, et a signalé l'intention de son client de faire appel.
Un passé judiciaire chargé
Bagui Traoré, connu de la justice, a déjà été condamné à plusieurs reprises. En 2016, il avait écopé d'une peine de huit mois pour des violences sur des gendarmes lors des émeutes à Beaumont-sur-Oise. En 2017, il avait écopé de six mois pour violences sur personne dépositaire de l'autorité publique, puis douze mois en 2018 pour violences en réunion et trente mois pour extorsions et escroqueries. En 2019, il avait été condamné pour trafic de stupéfiants.
Un non-lieu a été rendu en septembre dernier dans l'affaire Adama Traoré. Trois gendarmes avaient été placés sous le statut de témoin assisté dans cette affaire.