Le lundi 14 février 2022 à 18:42
"La nuit la plus horrible de ma vie" : Théophile Chéné, 25 ans, a décrit lundi à la barre du tribunal d'Angers cette soirée du 15 octobre 2016 durant laquelle un balcon s'est effondré, tuant quatre étudiants. "Le balcon s'est effondré d'un coup, en une fraction de seconde. C'est comme si le sol, sous nos pieds, avait disparu", lâche Théophile Chéné, devant le tribunal correctionnel d'Angers qui juge les constructeurs de l'immeuble.
Comme lui, une vingtaine de jeunes et leurs parents ont raconté lundi la soudaineté de l'effondrement, qui a transformé en drame cette soirée jusque-là ordinaire. "Je m'apprête à mettre le pied sur le balcon et je le vois tomber", décrit aussi Mathilde Rondeau, 26 ans. "Je pensais avoir eu une hallucination."
Elsa Houlet, 20 ans à l'époque des faits, distribuait des cartes à l'intérieur quand elle relève les yeux et constate qu'il n'y a "plus personne, plus de balcon". Lou, 18 ans, Antoine, 21 ans, Benjamin, 23 ans, et Baptiste, 25 ans mourront dans l'accident et quatorze autres victimes seront hospitalisées pour des blessures multiples. "La soirée la plus terrible de ma vie : j'ai perdu mes deux meilleurs amis et ma petite sœur", poursuit Théophile, qui revoit "la scène, la poussière, les gravats, les gens qui crient, qui pleurent, le sang". "Ce balcon, je le connaissais très bien", précise le jeune homme, qui a passé de nombreuses soirées dans cet appartement, auparavant loué par ses amis Baptiste et Benjamin. "On avait remarqué qu'il tremblait", dit-il.
"J'ai tout de suite compris ce qu'il se passait"
Ses amis avaient écrit à l'agence de location et, pendant quelque temps, "on ne dansait pas sur le balcon, on ne sautait pas". "Puis la personne qui était passée avait dit que tout allait bien. Quant le balcon est tombé, j'ai tout de suite compris ce qu'il se passait", explique-t-il. Après avoir tenté de secourir plusieurs victimes, Théophile voit les jambes de sa sœur, Lou. "J'ai pas eu la force, ou pas eu le courage, d'aller la voir pour la soutenir, pour la rassurer, pour être son grand frère", raconte-t-il. "Je m'en veux, j'en étais incapable".
L'architecte Frédéric Rolland, 66 ans, le dirigeant de l'entreprise de gros œuvre Patrick Bonnel, 72 ans, le conducteur de travaux, 53 ans, le chef de chantier, 63 ans et le représentant du bureau de vérification Apave, 84 ans, sont jugés pour blessures et homicides involontaires. Le procès doit se terminer le 4 mars.