Le lundi 21 juillet 2025 à 17:12
La cour d'appel de Douai a jugé que les conditions de détention de Rédoine Faïd, incarcéré à l'isolement depuis douze ans dans la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), sont "contraires à la dignité de la personne humaine". Dans sa décision rendue le lundi 21 juillet 2025, la chambre d'application des peines donne un mois à l'administration pénitentiaire pour y remédier.
Selon la juridiction, "les conditions actuelles de détention" de Rédoine Faïd sont "contraires à la dignité de la personne humaine de par leur combinaison, leur durée et l’absence de perspectives concrètes et objectifs réalisables donnés au détenu". La cour souligne également que "la plupart des pistes d’amélioration" alors envisagées n’ont "pas été mises en place", et que "l’état de santé du détenu continue à se dégrader en lien au moins partiel avec ses conditions actuelles de détention".
Incarcéré dans cet établissement ultra-sécurisé, Rédoine Faïd, 53 ans, ne peut depuis 2018 recevoir des visites qu’à travers un hygiaphone, dispositif vitré empêchant tout contact physique. Depuis mai 2025, une nouvelle grille fixée à sa fenêtre a "sensiblement aggravé […] le déficit de luminosité naturelle", note la cour d'appel. Une précédente décision favorable à ses demandes avait été cassée car "des correctifs pouvaient encore être utilement apportés".
Le détenu a multiplié les recours pour dénoncer ses conditions de détention, qu’il estime responsables d’une "détérioration de son état de santé physique et psychique causée par un isolement sensoriel et social". Il évoque notamment un manque de lumière naturelle, d'exercice physique, de contacts humains et de stimulation sensorielle.
La cour laisse à l’administration pénitentiaire la liberté de déterminer les assouplissements envisageables, mais lui ordonne de présenter avant le 21 août "un rapport d’information sur les mesures prises ou proposées" au détenu. La décision, exécutoire, peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation.
Libérable en août 2057
Rédoine Faïd a été condamné en octobre 2023 à 14 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de Paris, pour son évasion spectaculaire en hélicoptère de la prison de Réau (Seine-et-Marne) en juillet 2018. Il purgeait déjà des peines pour des braquages à main armée, dont l’un avait entraîné la mort d’une policière municipale, ainsi qu’une précédente évasion en 2013. Sa date de fin de peine est actuellement fixée au 17 août 2057.