«C'est une guérilla urbaine» : nouvelle nuit de violences à Limoges, neuf policiers blessés

Des violences urbaines ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi à Limoges (Haute-Vienne), où une centaine d’individus encagoulés ont attaqué des automobilistes puis affronté les forces de l’ordre. Neuf policiers ont été blessés et huit plaintes ont été déposées, a annoncé le parquet. Une enquête a été ouverte notamment pour violences, extorsions et dégradations.
«C'est une guérilla urbaine» : nouvelle nuit de violences à Limoges, neuf policiers blessés
Illustration. (Adobe Stock)
Par La Rédaction
Le samedi 19 juillet 2025 à 18:58

Une centaine d’individus encagoulés ont attaqué des automobilistes circulant près du quartier du Val de l’Aurence à Limoges (Haute-Vienne) dans la nuit de vendredi à samedi, avant de s’en prendre aux policiers venus sécuriser la zone. Des violences urbaines ont eu lieu jusqu’au petit matin, faisant une dizaine de blessés parmi les forces de l’ordre.

Selon le communiqué de la procureure de la République de Limoges, Émilie Abrantes, "une enquête en flagrance a été ouverte par le parquet de Limoges des chefs de participation avec arme à un attroupement, violences sur fonctionnaires de la police nationale, extorsion aggravée et dégradations en bande organisée du bien d’autrui par moyen dangereux pour les personnes".

Les faits se sont produits entre 00h40 et 01h30, au niveau du carrefour d’Oradour, à proximité de la RN 141 menant à Angoulême. "Plusieurs automobilistes ont signalé avoir été pris à partie au niveau du carrefour d’Oradour à Limoges, par plusieurs individus masqués et cagoulés, qui les auraient stoppés dans leur progression et auraient dégradé leur véhicule à coup de batte de base-ball", indique le parquet. "Certains véhicules étaient occupés par des familles, en présence d’enfants mineurs".

Cocktails Molotov, mortiers d'artifice et barres de fer

Un conducteur a été forcé de quitter son véhicule, qui a ensuite été retrouvé incendié à l’entrée de la ZUP du Val de l’Aurence. La préfecture de la Haute-Vienne a confirmé que les attaques contre les véhicules s’étaient faites "principalement par des tirs de mortiers". Laurent Nadeau, secrétaire départemental du syndicat Alliance Police Nationale, a précisé qu'"il y a eu entre 100 et 150 individus cagoulés, armés de cocktails Molotov, [de] mortiers, [de] cailloux, ainsi que des barres de fer et des battes de baseball".

"Les forces de police ont été confrontées à de nombreux tirs de mortiers et de cocktails Molotov, les contraignant à procéder à des tirs de riposte de LBD ainsi qu’à des jets de grenades", détaille le parquet. Les violences ont cessé aux alentours de 4 heures du matin.

Neuf policiers blessés

Aucun des automobilistes pris à partie n’a été blessé physiquement. "Pour autant, plusieurs sont particulièrement choqués", note la procureure. À cette heure, "huit plaintes sont recensées". Du côté des forces de l’ordre, "neuf policiers ont été blessés : huit souffrent d’acouphènes et un présente des blessures au niveau de la main".

Cette nuit de violences fait suite à d’autres heurts survenus dans le même secteur le soir du 14 juillet. Le maire de Limoges, Emile Roger Lombertie, a réagi fermement auprès de l’AFP : "C’est une guérilla urbaine". Il a dénoncé une action coordonnée : "Ils sont organisés, structurés, c’est programmé, il y a un plan, un armement, un guet-apens donné aux policiers et aux usagers de la route". Pour l’édile, "ce n’est pas une manifestation spontanée pour râler contre quelque chose. Il n’y a pas de prétexte. Rien. Il y a l’envie de détruire et de montrer que le territoire vous appartient". Il décrit le Val de l’Aurence comme "un quartier de grande pauvreté, avec des jeunes issus [de l’]immigration", devenu selon lui "une zone de non-droit".

Face à la gravité des faits, "l’association France victime 87 a été requise par le parquet afin d’apporter assistance aux victimes dès aujourd’hui". Le ministère de l’Intérieur a, de son côté, annoncé le déploiement à Limoges de la compagnie de CRS 82, basée à Saint-Herblain (Loire-Atlantique), spécialisée dans la gestion des violences urbaines de grande ampleur.