Le vendredi 6 octobre 2023 à 13:27
L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy a été doublement mis en examen ce vendredi pour "recel de subornation de témoin" et "participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l'infraction d'escroquerie au jugement en bande organisée" dans l'affaire concernant la rétractation de Ziad Takieddine, concernant les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de 2007.
Après avoir été entendu pendant trois jours consécutifs par les juges d'instruction, l'ancien président est donc soupçonné d'avoir été impliqué dans des manœuvres visant à tromper la justice. Les enquêteurs financiers de l'Office central contre la corruption (OCLCIFF) avaient déjà interrogé durant 12 heures Nicolas Sarkozy en juin dernier, durant lesquelles il avait nié toute implication.
Une interview fin 2020
L'affaire s'est déroulée en trois moments distincts. Les deux premiers épisodes ont eu lieu fin 2020, lorsqu'une interview de Ziad Takieddine a été publiée par Paris Match et BFMTV, suivi d'une lettre adressée aux magistrats. En janvier 2021, des tentatives auraient également été menées pour discréditer un "document libyen" publié par Mediapart en 2012.
Le parquet estime que ces épisodes sont l'œuvre d'au moins huit à neuf protagonistes, y compris Nicolas Sarkozy, et ont coûté au moins 608 000 euros. Parmi les autres protagonistes figurent Mimi Marchand, reine des paparazzis, Noël Dubus, un intermédiaire déjà condamné pour escroquerie, et David Layani, puissant chef d'entreprise.
Au cœur de l'affaire se trouve Ziad Takieddine, l'intermédiaire franco-libanais qui a changé à plusieurs reprises sa version des faits concernant le financement libyen de la campagne de 2007. Après avoir affirmé avoir remis des valises d'argent à Sarkozy et à Claude Guéant, Ziad Takieddine s'est rétracté en novembre et décembre 2020, en déclarant que Nicolas Sarkozy n'avait pas reçu de financement libyen, avant de revenir sur ces propos en janvier 2021.
Nicolas Sarkozy doit être jugé en 2025 dans l'affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. La mise en examen de ce vendredi ajoute une nouvelle dimension à un dossier déjà complexe et politiquement sensible. L'ancien chef de l'État conteste toute participation aux faits incriminés et a également été placé sous le statut de témoin assisté pour "association de malfaiteurs en vue de commettre l'infraction de corruption active".