Le mercredi 28 décembre 2022 à 12:26
Le CRS qui avait comparu aux assises en décembre pour avoir éborgné un syndicaliste lors d'une manifestation de 2016 à Paris a été définitivement acquitté après la décision du parquet général de ne pas faire appel du verdict, a-t-on appris mardi 27 décembre de source judiciaire. "Le parquet général n'a pas interjeté appel de l'arrêt d'acquittement rendu dans ce dossier", a indiqué cette source à l'AFP.
Brigadier-chef de 54 ans, Alexandre M. avait comparu aux assises de Paris à la mi-décembre pour le jet d'une grenade de désencerclement le 15 septembre 2016 place de la République, qui avait éborgné Laurent Theron, secrétaire hospitalier et militant du syndicat Sud-Santé.
Laurent Theron participait alors à une manifestation contre la loi Travail émaillée de violents heurts. Il a définitivement perdu l'usage de son œil droit. À l’issue de l'instruction, le CRS était accusé d'avoir lancé cette grenade à main de désencerclement (GMD) hors de tout cadre légal et sans être en état de légitime défense.
«Un acte de riposte légitime»
À la barre, le policier s'était dit "sincèrement navré de la blessure gravissime" qu'il avait causée mais avait défendu un tir, selon lui, "nécessaire" pour "protéger (ses) hommes". À l'audience, deux à trois ans de prison avec sursis avaient été requis à son encontre par le ministère public, qui avait contesté tout "état de légitime défense".
Après trois jours d'audience, la cour d'assises avait retenu une analyse inverse et acquitté l'accusé. Un verdict désormais définitif, à la grande satisfaction de son avocat. "C'est un vrai soulagement pour ce policier qui s'était vraiment senti en danger et avait effectué un acte de riposte légitime", a indiqué à l'AFP M. Laurent-Franck Liénard. "Ça n'enlève rien à l'injustice de la blessure de Monsieur Theron qui va désormais obtenir une juste réparation de son préjudice par l'État", a-t-il ajouté.
«L'impunité policière»
Selon l'avocate de Laurent Theron, la décision de ne pas faire appel confirme, au contraire, "l'existence d'une justice à deux vitesses dans laquelle les policiers jouissent d'une légitime défense totalement dérogatoire aux règles de droit commun". D'après Me Lucie Simon, l'arrêt d'acquittement "consacre l'impunité policière" et justifie le fait pour un policier "de tirer dans le tas", "dès lors qu'une manifestation est violente" et même si "sa cible (...) ne représente aucune menace". "C'est une défaite pour le droit", a-t-elle déclaré à l'AFP.