Le mardi 1 mars 2022 à 11:03
Le procès d'un homme, interpellé plus de 20 ans après les faits pour le viol d’une jeune femme, trahi par la découverte de son ADN sur un emballage de bonbon, s'est ouvert lundi devant les assises de la Vienne à Poitiers. André Basset, 69 ans, qui risque 15 ans de réclusion criminelle, avait reconnu le viol le 5 octobre 1998 à Saint-Gervais-les-Trois-Clochers (Vienne) d'une jeune femme alors âgée de 21 ans.
En 2019, il avait été soupçonné à la suite de prélèvements d'indices sur un cambriolage commis dans une menuiserie de la Vienne. En exploitant les traces ADN prélevées sur les lieux, les gendarmes s'étaient aperçus que l'une d'elles, découverte sur un emballage de bonbon, coïncidait avec l'ADN d'un violeur inconnu figurant depuis plus de vingt ans dans la base de données du Fichier national des empreintes génétiques (FNAEG).
Cette correspondance entre les deux ADN non identifiés avaient conduit les gendarmes à relancer l'enquête sur ce viol. Les soupçons des enquêteurs s'étaient alors portés sur le sexagénaire, père de l'exploitant de la menuiserie cambriolée. Il n'avait jamais été inquiété jusqu'à son interpellation.
Ligotée et violée dans sa voiture
En quelques heures, l'analyse de l'ADN prélevé sur le sexagénaire en garde à vue, avait confirmé que c'était bien le sien qui avait été retrouvé en 1998. Confronté à ces comparaisons d'ADN, l'homme avait reconnu le viol, commis en octobre 1998, en pleine nuit, sur une route du nord du département. La victime, une automobiliste de 21 ans, avait dû s'arrêter car des rondins de bois avaient été placés en travers de la chaussée.
Un homme "qui avait le visage dissimulé par une cagoule avait surgi. Il l'avait ligotée. Elle avait été violée dans la voiture. Le suspect avait ensuite pris la fuite à pied", avait indiqué le parquet. À l'époque des faits, en 1998, l'homme avait été entendu comme témoin par les gendarmes de la brigade de recherches de la gendarmerie de Châtellerault car il était le voisin de la victime.
"Je me suis mis dans la tête de le supprimer"
Lundi, l'audience s'est concentrée sur la personnalité et les motivations de ce père de famille, présenté comme "la crème de la crème" et "toujours attentionné" par son épouse. Très investi dans son travail, l'accusé n'avait pas supporté la faillite de son entreprise quelques années plus tôt, après avoir été trompé par son ancien associé. Humilié et sans le sou, il rôdera pendant deux ans autour du domicile de ce dernier, le fusil à la main. "Je me suis mis dans la tête de le supprimer. J’avais la haine contre lui, c’est venu comme ça, j'étais en dépression…", explique l'homme à la barbe blanche, qui a passé deux ans en détention.
Son ex-associé vivant le plus souvent en Roumanie et devant l'impossibilité de le supprimer, l'accusé va alors transférer cette frustration vengeresse en viol, selon l'expert psychiatre Jean-Louis Senon, expliquant "un phénomène de déplacement et de condensation". L'accusé "à la personnalité normale et très chaleureuse" n'est pas non plus un violeur en série, selon la psychologue Anne Jolly. "Il n'y a pas de danger pour les autres. Il était dans un état de bouleversement émotionnel intense. Il y a eu deux personnes traumatisées dans cette histoire", a jugé l'experte devant la victime.