Violences sur un gardé à vue à Paris : deux policiers condamnés à des peines de prison avec sursis

Deux policiers du commissariat des Ve et VIe arrondissements de Paris ont été condamnés à des peines de prison avec sursis pour des violences sur un homme placé en garde à vue, en juillet dernier. Un troisième policier a été reconnu coupable de dénonciation calomnieuse.
Violences sur un gardé à vue à Paris : deux policiers condamnés à des peines de prison avec sursis
Un commissariat à Paris. (Illustration / Romain P19 / Shutterstock)
Par Actu17
Le jeudi 16 janvier 2025 à 06:00

Le tribunal correctionnel de Paris a condamné, ce mercredi, trois policiers à des peines de prison avec sursis pour des violences sur un homme de 42 ans placé en garde à vue, et une dénonciation calomnieuse. Les faits se sont déroulés en juillet 2024 dans le commissariat des Ve et VIe arrondissements de Paris.

Les deux principaux prévenus, Maxime D. et Matthieu D., âgés de 25 et 32 ans, ont été respectivement condamnés à 24 et 18 mois d’emprisonnement avec sursis, assortis d’une interdiction définitive d’exercer une profession dans la fonction publique. Le troisième policier, Clément B., a écopé de 12 mois de sursis pour non-assistance à personne en danger et dénonciation calomnieuse. Ces condamnations sont exécutoires immédiatement, même en cas d’appel. Lors du jugement, en octobre dernier, 30 et 24 mois de prison avec sursis avaient été requis contre Maxime D. et Matthieu D., ainsi qu'un an d’emprisonnement avec sursis à l'encontre du troisième prévenu.

La nuit du 24 au 25 juillet 2024, Mario, un Péruvien de 42 ans en état d’ébriété, avait été interpellé pour outrage à un gendarme le long du quai Saint-Michel à Paris, alors que des renforts étaient déployés pour les Jeux olympiques. Placé en garde à vue, il avait refusé de retirer son collier avant une fouille, ce qui avait provoqué une altercation avec Maxime D. Selon des images de vidéosurveillance visionnées lors de l’audience, ce dernier lui avait fait une clé de bras avant de le frapper.

Dans une salle de fouille non équipée de caméras, Mario avait subi des violences plus graves. Il en était ressorti avec un bras fracturé, affirmant avoir été frappé à plusieurs reprises avec une matraque. À l’audience, Maxime D. a déclaré avoir "perdu son calme" après des insultes, évoquant un état de fatigue lié à la sécurisation des Jeux olympiques. Matthieu D., pour sa part, a reconnu avoir donné "neuf gifles et deux coups de pied" alors que Mario était déjà blessé. "J’étais dans une période compliquée", a-t-il tenté de justifier.

Une tentative de dissimulation

Clément B., chef de poste cette nuit-là, a été reconnu coupable de dénonciation calomnieuse pour avoir couvert ses collègues. Maxime D. avait également porté plainte contre Mario, l’accusant de violences qui n’ont pas été corroborées par l’enquête menée par l’IGPN. "À ces violences particulièrement caractérisées se sont ajoutés des faits de dénonciation calomnieuse, ce qui acte une absence de remords", a souligné le président de la 10e chambre.

Outre leurs condamnations pénales, les trois fonctionnaires font l'objet d'une inéligibilité pour une durée de trois ans. Par ailleurs, leurs condamnations figureront sur le bulletin n°2 de leur casier judiciaire, un document accessible aux administrations et employeurs pour des postes dans des secteurs sensibles, comme la fonction publique, la sécurité ou les métiers au contact du public. L’avocate de Maxime D., Me May Sarah Vogelhut, a annoncé son intention de faire appel.

Un autre procès à venir

Maxime D., qui avait comparu pour une autre affaire remontant à juin 2022, a été condamné à verser 1200 euros de dommages et intérêts à une femme qu’il avait aspergée de gaz lacrymogène, alors qu’il devait la raccompagner suite à un refus de prise de plainte. Il sera par ailleurs jugé le 20 mars prochain avec Clément B., dans une troisième affaire, cette fois pour des faits de violences volontaires en réunion. Le 4 mai 2024, après une rixe devant un pub parisien, les deux hommes avaient été filmés en train de porter des coups à deux hommes qui s’étaient effondrés au sol.