Violente agression du jeune Yuriy en 2021 à Paris : 13 adolescents renvoyés en procès

Le jeune Yuriy était sur le point de fêter ses 15 ans lorsqu'il a été sauvagement roué de coups par une quinzaine d'individus, en janvier 2021, dans le XVe arrondissement de Paris. La scène glaçante avait été filmée par un témoin.
Violente agression du jeune Yuriy en 2021 à Paris : 13 adolescents renvoyés en procès
Yuriy a été sauvagement attaqué par une dizaine d'individus le 15 janvier 2021 à Paris. (capture écran/DR)
Par Actu17 avec AFP
Le mardi 18 octobre 2022 à 19:47

Une guerre des bandes et des provocations 2.0 à l'issue tragique : un juge d'instruction a renvoyé mardi en procès criminel 13 adolescents ou jeunes hommes pour la violente agression du jeune Yuriy début 2021 à Paris.

Dans son ordonnance datée de mardi, dont l'AFP a eu connaissance, le juge d'instruction suit très largement les réquisitions du parquet de Paris et prononce le renvoi en procès de ces 13 garçons âgés de 14 à 18 ans au moment des faits, dont six pour "tentative de meurtre".

Deux audiences devraient se tenir, une devant la cour d'assises des mineurs pour les neuf mis en cause les plus âgés, une autre devant le tribunal pour enfants statuant en matière criminelle pour les quatre plus jeunes. Ces audiences se tiendront possiblement à huis clos, vu l'âge de ces garçons au moment des faits.

Né en Ukraine en 2006, le collégien qui s'apprêtait à fêter ses 15 ans avait été conduit à l'hôpital dans un état grave après avoir été roué de coups dans la soirée du 15 janvier 2021, alors qu'il se trouvait avec des amis sur la dalle de Beaugrenelle, le toit aménagé d'un centre commercial du 15e arrondissement de la capitale.

Pronostic vital engagé durant dix jours

Muni d'un tournevis dans sa poche, par précaution expliquera-t-il, il avait été conduit à l'hôpital dans un état grave. Son pronostic vital avait été engagé pendant dix jours, car les agresseurs se sont acharnés sur lui pendant plusieurs minutes. Selon l'un d'entre eux, c'est le cri d'un voisin qui les a stoppés.

Le juge d'instruction estime que "les faits s'inscrivent dans un contexte de rivalité entre jeunes individus, résidents du 15e arrondissement de Paris, formant la bande RD4 d'une part, et celle du plateau de Vanves d'autre part". "Il est établi que l'agression de Yuriy (...) était un acte de vengeance en réponse à l'agression subie" cinq jours plus tôt par le demi-frère et cousin de deux des mis en cause, d'après le magistrat.

Si Yuriy était alors présent, il n'est pas mis en examen dans l'information judiciaire distincte sur ces faits, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

L'agression avait été diffusée en direct et des "snaps" triomphants avaient ensuite circulé avec l'un des mis en cause souriant, un téléphone (celui de Yuriy, dérobé) ensanglanté ou des légendes telles que "Je lèche son sang" ou "Le taf est fini". La vingtaine de secondes d'images de l'agression avait fait réagir aussi bien le président Emmanuel Macron que le footballeur Antoine Griezmann. La mairie de Paris, la préfecture de police, le rectorat et le parquet de Paris avaient annoncé un renforcement de leur stratégie anti-rixes.

Zones «vitales»

L'enquête s'est d'abord concentrée sur une dizaine de garçons qui se sont enjoints sur le réseau Signal à se taire ou à effacer leurs discussions. Ils ont été interpellés et mis en examen deux semaines après l'agression.

Les enquêteurs sont parvenus ensuite à identifier d'autres protagonistes parmi lesquels Julien (prénom modifié), 18 ans alors, actuellement en détention provisoire comme un autre protagoniste. Soupçonné d'avoir frappé Yuriy de plusieurs coups de marteau dans le visage, il a reconnu devant le juge avoir été violent, avoir agi sans but, sans réfléchir, sous l'effet de "l'adrénaline", mais nié toute intention d'homicide.

"Il faut désormais se concentrer sur la préparation de l’audience afin que toutes les explications attendues puissent être apportées", a réagi Margot Pugliese, avocate de l’un des mis en cause.

Un 14e jeune homme a fait l'objet d'un non-lieu, faute de charges suffisantes. Certains des treize garçons mis en cause et présumés innocents ont fini par reconnaître et regretter leurs coups. Pour le juge, l'enquête a établi l'intention de tuer des mis en cause, au vu de leur acharnement et de leur ciblage des zones "vitales" du corps de Yuriy. Il n'a en revanche pas retenu la préméditation, faute de preuves.

Aucun des 13 n'avait jamais été condamné par la justice, et la grande majorité d'entre eux est décrite comme sans histoire, avec des cadres familiaux soudés et sans antécédent pénal. Ni l'avocat de Yuriy, ni l'avocat de Julien n'ont fait de commentaire dans l'immédiat.