Le mercredi 18 novembre 2020 à 20:14 - MAJ mercredi 18 novembre 2020 à 20:36
Trois jours après le début de son procès, Jonathann Daval a été interrogé par la cour d'assises ce mercredi soir. L'accusé s'est levé, a retiré son masque et a parlé dans le micro avec un ton ému décrivent plusieurs médias : "Je voudrais d’abord faire des excuses, mais ce n'est pas excusable ce que j'ai fait. Pour les proches d'Alexia. Je leur ai enlevé leur fille dans un premier temps. Après, je leur ai menti. L'histoire du complot a détruit votre vie", a-t-il d'abord déclaré.
"Mais aussi détruit la vie de ma famille, à qui j'ai menti aussi. Les gendarmes aussi, à qui j'ai menti, qui ont du faire des recherches supplémentaires. Aux médias, à la France, pareil. Donc oui, ce n'est pas pardonnable ce que j'ai fait, mais je voulais quand même le dire", a poursuivi Jonathann Daval qui est ensuite revenu sur la nuit du meurtre, le 27 octobre 2017.
"Je l'ai frappée, étranglée"
"Après la soirée raclette, je me suis installé dans le canapé, je me suis servi un digestif, Alexia est partie se changer. Elle est partie mettre un ovule gynécologique. Elle est dans la chambre, je ne la vois pas. Elle revient, elle me demande un rapport que je refuse", décrit-il.
"Il y a eu des réflexions de sa part", ajoute l'accusé. "Ça part sur moi, sur mon comportement, comme quoi je n'étais jamais là, distant, et comme à chaque fois, je veux fuir, partir de la maison, fuir le conflit. Et là, une dispute a commencé". "Elle s'est terminée dans les escaliers où je l'ai frappée, étranglée", dit-il en marquant un temps d'arrêt de plusieurs secondes. "Puis tuée. Avant de mettre le corps dans le véhicule. De l'emmener dans un bois le matin, de mettre le feu au corps, de me faire un alibi. De mentir à tout le monde", souffle-t-il.
Il évoque une relation "très compliquée"
Le président est ensuite revenu sur les prétendues crises d'Alexia, qu'il avait évoquées lors de ses auditions. "Ce soir-là, il n’y a pas eu de crise", a répondu l'accusé. "Oui, ça lui arrivait d’avoir des crises, pas tout le temps. Un gout métallique dans la bouche, des black-outs, des propos incohérents, des fois des gestes de violence. Elle me repoussait, me tapait. C'était des tapes", a-t-il ajouté.
Jonathann Daval évoque ensuite une relation "très compliquée". "Elle avait des soucis, j’avais des soucis, ce qui provoquait beaucoup de conflits entre nous deux", affirme-t-il. "On gardait tout pour nous, on ne disait rien aux autres. On faisait comme si tout allait bien. Je faisais exprès de rentrer tard pour éviter les conflits".
L'accusé explique que les désirs de son épouse lui posaient problème : "le désir d'avoir un enfant, des demandes de rapports sexuels assez fréquents, que je ne pouvais pas forcément lui apporter avec le problème d’érection". Il évoque aussi des "reproches comme quoi j’étais distant, pas assez présent pour elle, que je fuyais cette situation, que je n’étais pas un homme, que je ne prenais aucune décision...".
L'accusé a ensuite fait un malaise sur sa chaise. L'audience a été suspendue et Jonathann Daval a été évacué aux urgences. Elle devrait reprendre demain matin à 9 heures.
"Alexia, c'était notre lumière, notre joie de vivre"
L'avocat de la famille d'Alexia Fouillot a évoqué des excuses "maladroites" et "vraiment pitoyables" de la part de l'accusé. "Les révélations, on les attends toujours".
Pour l'avocat de la famille d'Alexia Fouillot, les excuses de Jonathann Daval "étaient vraiment pitoyables" pic.twitter.com/O3buJYoLep
— BFMTV (@BFMTV) November 18, 2020
Plus tôt dans la journée, les parents d'Alexia s'étaient exprimés. « Avant ce drame, le bonheur régnait au sein de notre famille. Alexia, c'était notre lumière, notre joie de vivre. Ce fameux jour, Jonathann nous a éteint la lumière », a lâché Jean-Pierre Fouillot, le père de la jeune femme. Isabelle Fouillot a de son côté invité Jonathann Daval à "dire la vérité" au sujet de ce "massacre".
"J'aimerais bien qu'aujourd'hui tu sois un homme, que tu prennes tes responsabilités. Parce que nous on souffre, et je pense que ta famille souffre également. Je voudrais te donner une chance de sortir grandi de cette histoire. Si tu veux pouvoir te regarder dans une glace... Toi seul peux nous dire la vérité", a-t-elle insisté, faisant ensuite état de ses craintes d'entendre de nouveaux mensonges de la bouche de l'accusé.
"Il a menti à tout le monde, c'était un caméléon. Il offrait le discours et le visage que chacun voulait entendre et voir pour être apprécié de tous", a lancé la sœur de la victime, Stéphanie Gay.