Emmanuel Macron annonce un nouveau service national militaire de dix mois pour les 18-19 ans dès l'été 2026

Depuis l'Isère, Emmanuel Macron a dévoilé ce jeudi les contours du futur service national militaire volontaire, qui doit transformer en profondeur l'organisation des armées et mobiliser progressivement des milliers de jeunes dès 2026.
Emmanuel Macron annonce un nouveau service national militaire de dix mois pour les 18-19 ans dès l'été 2026
Emmanuel Macron ce jeudi 27 novembre 2025 lors de son discours. (X)
Par Actu17
Le jeudi 27 novembre 2025 à 12:38 - MAJ jeudi 27 novembre 2025 à 13:09

Emmanuel Macron a présenté ce jeudi matin le nouveau service national, un dispositif militaire volontaire destiné aux jeunes de 18 à 19 ans, conçu pour répondre aux menaces actuelles et renforcer le lien entre la jeunesse et les armées. Le chef de l'État a rejeté toute idée de rétablir le service militaire obligatoire.

Durant son discours, le président a replacé cette réforme dans un cadre plus large : "La veille du 14 juillet, devant nos armées réunies à l'hôtel de Brienne et qui s'apprêtaient à défiler sur la plus belle avenue du monde, j'annonçais aux Français qu'un nouveau cadre pour servir au sein des armées serait décidé à l'automne. Nous y sommes". Il détaille les objectifs en précisant qu'il s'agit de "renforcer le pacte noué entre notre Nation et notre armée", "renforcer notre capacité de résistance" et "consolider la formation des jeunes". Emmanuel Macron insiste sur le caractère volontaire : "le service national concernera seulement des volontaires et le cœur seront les jeunes âgés de 18 et 19 ans". Une exception demeure possible : "le Parlement pourra autoriser de faire appel, au-delà des seuls volontaires, à ceux dont les compétences auront été repérées durant cette journée. Alors le service national deviendra obligatoire".

«La France ne peut se tenir immobile»

Emmanuel Macron écarte le retour au service militaire obligatoire, estimant qu'il s'agit d'une idée "portée par ceux qui méconnaissent la réalité de nos armées" et qui ne correspond pas "aux besoins de nos armées ni aux menaces". Il rappelle que "nos armées n'ont plus vocation à encadrer ni à accueillir la totalité d'une classe d'âge, ce qui représente entre 600 000 et 800 000 jeunes". Selon lui, le dispositif "s'inspire des pratiques de nos partenaires européens, en particulier de la Norvège", car "la France ne peut se tenir immobile" à l'heure où "tous nos alliés européens avancent face à une menace qui pèse sur nous tous".

Le président précise que "nos jeunes du service national servent pendant 10 mois", une durée pensée comme une année de césure. Le parcours débute par "une formation initiale d'un mois", destinée notamment à "apprendre les rudiments de la vie militaire, d'acquérir l'esprit de discipline, de se former au maniement des armes, à la marche au pas, aux chants, à l'ensemble des rituels qui nourrissent la fraternité de nos armées et concourent à la grandeur de la Nation". Ensuite, "ils effectuent les mêmes missions que l'armée d'active sur le territoire national". Emmanuel Macron insiste : "Nos jeunes, je le dis avec clarté, servent sur le territoire national et uniquement sur le territoire national, c'est-à-dire en métropole et dans nos outre-mer".

Une rémunération de 800 euros par mois

En marge du discours, l'Élysée précise que les volontaires seront rémunérés 800 euros par mois minimum, hébergés, nourris et équipés, des conditions identiques à celles d'un engagement militaire initial. Cette rémunération et ces moyens matériels s'ajoutent à la solde, à l'uniforme et à l'équipement évoqués par le chef de l'État.

Emmanuel Macron affirme que "cet engagement sera encouragé et valorisé. J'ai validé des mesures en ce sens, qui seront détaillées par le Gouvernement". À l'issue de leur service, les jeunes pourront intégrer la réserve, être accompagnés vers l'emploi ou rejoindre l'armée d'active. Pour Emmanuel Macron, l'enjeu est majeur : "ainsi, nos armées bénéficient dans la Nation de jeunes Françaises et de jeunes Français dont les motivations auront été repérées, l'engagement éprouvé, les compétences exercées. C'est un atout majeur : militaire, moral, civique et républicain. C'est un acte de confiance dans notre jeunesse".

Il décrit ensuite la transformation globale du modèle militaire : "Un modèle hybride va bel et bien apparaître, rassemblant des jeunes du service national, des réservistes et l'armée d'active". Ce modèle "aura un noyau dur, un socle, une armée d'active que nous avons renforcé et consolidé". Mais, ajoute-t-il, "elle aura aussi un appui en profondeur, au cœur de la nation. Cette nouvelle force issue de la jeunesse, cette nouvelle force issue du service national dans ce monde incertain, c'est ce modèle hybride prêt à toutes les bascules qui doit s'imposer".

«3000 jeunes vont être choisis pour effectuer le service national à l'été 2026»

La montée en puissance sera progressive : "3000 jeunes vont être choisis pour effectuer le service national à l'été 2026 et les promotions vont augmenter progressivement pour atteindre 10 000 jeunes incorporés en 2030". Emmanuel Macron fixe aussi un objectif à long terme : "l'ambition que je porte pour la France est d'atteindre 50 000 jeunes en 2035". Pour accueillir ces volontaires, "il nous faut, dès maintenant, commencer à construire des hébergements et autres infrastructures pour que les jeunes soient accueillis correctement dans les garnisons et dégager progressivement un nombre suffisant de cadres pour former et commander ces jeunes".

Le président confirme que l'effort financier est massif. Cet effort de défense "sera financé par l'actualisation de la loi de programmation militaire 2026-2030, qui prévoit un budget supplémentaire de plus de 2 milliards d'euros pour le service national". Il insiste : "C'est un effort important. Il est indispensable".

«La peur, au demeurant, n'évite jamais le danger»

Emmanuel Macron conclut en affirmant que "notre nation n'a le droit ni à la peur, ni à la panique, ni à l'impréparation, ni à la division". Il rappelle : "La peur, au demeurant, n'évite jamais le danger. La seule façon de l'éviter, c'est de s'y préparer". Selon le chef de l'État, ce nouveau service militaire doit permettre de bâtir "une armée complète, une armée efficace et modernisée, capable de faire face aux risques dans tous les espaces. Une armée avec un cœur actif et une jeunesse formée et sélectionnée".