Le lundi 16 octobre 2023 à 10:10
Trois jours après l'assassinat de Dominique Bernard, un enseignant à Arras, par un homme né en Russie et inscrit au Fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), le président de la République Emmanuel Macron a décidé de réévaluer le niveau de la menace terroriste sur le territoire français.
Une circulaire sera envoyée par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, à tous les préfets de France. Ces derniers devront convoquer une réunion avec leurs groupes d'évaluation de la radicalisation, la police, la gendarmerie, les services pénitentiaires, la chaîne judiciaire et les renseignements, et ce, sous 48 heures.
«Relancer toutes les procédures de demande de laissez-passer consulaire»
L'objectif est de recenser la totalité des fichés radicalisés étrangers susceptibles d'être expulsés de France, pour s'assurer qu'il n'y ait pas eu "d'oubli" dans l'examen des procédures. Le président demande également que les ministres "incarnent un État impitoyable envers tous ceux qui portent la haine et des idéologies terroristes", d'après un conseiller. Pour les individus sous obligations de quitter le territoire français (OQTF) et ayant épuisé tous les recours, les préfets sont sommés de "relancer toutes les procédures de demande de laissez-passer consulaire" afin d'expulser les fichés radicalisés "le plus rapidement possible".
Le chef de l’État a demandé au ministre de l’intérieur d’avoir une attention particulière sera portée aux fichés S ressortissants du Caucase, âgés de 16 à 25 ans. Cette décision intervient en raison du profil de l'assassin à Arras, Mohamed Mogouchkov, qui est originaire de la république fédérale d'Ingouchie, et du terroriste qui a tué Samuel Paty, également ressortissant du Caucase.
«Des fichés S dangereux»
L'Élysée assure qu'il ne s'agit pas de stigmatiser une communauté en particulier. "Il s'agira uniquement des fichés S dangereux ressortissants du Caucase", précise l’Élysée. Par ailleurs, Gérald Darmanin a indiqué que les discussions avec la Russie concernant l'expulsion des fichés S reprendront, après avoir été interrompues en raison du conflit en Ukraine. "Il y a une petite soixantaine de fichés S de nationalité russe", a déclaré le ministre.
La famille de l'assaillant d'Arras avait été précédemment visée par une procédure d'expulsion en 2014, finalement annulée. Son père a été expulsé en 2018 pour radicalisation et son frère aîné est incarcéré pour sa participation à un projet d'attentat visant l’Élysée.
«Travailler sur le décrochage de la radicalisation»
Le gouvernement entend aller "au maximum de la procédure" pour s'assurer qu'aucune personne radicalisée expulsable n'échappe à la vigilance des autorités. Les préfets doivent "réexaminer dans le détail" tous "les cas individuels", notamment ceux "d'étrangers en situation irrégulière". Il s'agit finalement de "travailler sur le décrochage de la radicalisation" et la "prévention", selon l'entourage présidentiel, qui rejette toute idée de "discrimination".