«La police nationale s'effondre» : l'alerte du patron d'Alliance, Fabien Vanhemelryck

Fabien Vanhemelryck, secrétaire général d'Alliance Police Nationale, tire la sonnette d'alarme sur la situation de la police. Il décrit une institution à bout de souffle, confrontée à un manque criant de moyens humains et matériels, à la montée des violences contre les fonctionnaires et à une justice qu'il juge trop lente et inefficace. Selon lui, sans réaction rapide, "c'est tout le système qui s'effondrera".
«La police nationale s'effondre» : l'alerte du patron d'Alliance, Fabien Vanhemelryck
Fabien Vanhemelryck à Paris, le 18 janvier 2024. (Alexis Sciard / IP3 Press / Maxppp)
Par Actu17
Le mardi 21 octobre 2025 à 21:52

Le secrétaire général du syndicat Alliance Police Nationale, Fabien Vanhemelryck, dresse un constat alarmant de l'état de la police nationale, qu'il juge "à bout de souffle" et "en train de s'effondrer". Dans une interview à Paris Match ce mardi, il dénonce le manque de moyens, l'épuisement des fonctionnaires, et appelle à un "électrochoc" pour éviter l'effondrement du système.

Depuis plusieurs années, les syndicats alertent sur la dégradation des conditions de travail des policiers. Fabien Vanhemelryck estime que la crise politique actuelle aggrave la situation. Selon lui, "pendant que les politiques se battent pour des fauteuils, la police nationale s'effondre. Elle agonise. Et demain, c'est la France qui paiera l'addition". Le responsable syndicale estime que "la police nationale n'a plus les moyens de protéger les Français".

Sur la question des moyens, il dénonce une "déconnexion totale" entre la hausse de la délinquance et l'évolution des effectifs. "La délinquance a explosé de 400% depuis les années 60. Mais la police, elle, n'a jamais été redimensionnée", affirme-t-il. Les équipements sont eux aussi obsolètes assure Fabien Vanhemelryck : "Le matériel est choisi par des technocrates qui ne savent même pas à quoi sert un gilet tactique. C'est ridicule".

Concernant le budget du ministère de l'Intérieur, il juge qu'il "n'est plus en adéquation avec les missions" confiées aux forces de l'ordre. Il cite l'exemple de la mobilisation policière lors des Jeux Olympiques de Paris : "Avec plus de moyens, on peut y arriver", souligne-t-il, tout en rappelant que ce succès a été obtenu au prix de congés supprimés et d'un engagement maximal des fonctionnaires.

«Les violences contre les policiers sont devenues légion»

Le patron d'Alliance s'inquiète également de la multiplication des violences contre les policiers et d'un sentiment d'impunité judiciaire. "Les violences contre les policiers sont devenues légion", déplore-t-il, ajoutant que "la justice regarde ailleurs". Selon lui, les peines prévues par la loi sont rarement appliquées : "Trois ans de prison sont prévus par la loi pour ce type de violence, mais, en moyenne, leurs auteurs écopent 8 mois, qui sont rarement exécutés".Il décrit des conséquences concrètes pour les personnels : "Les agresseurs dorment chez eux, pendant que nos collègues dorment avec la peur, pour eux, pour leurs conjoints, pour leurs enfants".

Le syndicaliste alerte aussi sur la faiblesse des moyens consacrés à la lutte contre l'immigration irrégulière. "Chaque année, notre pays prononce 128 000 obligations de quitter le territoire français pour 5600 expulsions effectives", précise-t-il. "Il y a moins de 2000 places en centre de rétention administratif. Ils sont pleins à craquer et 800 policiers manquent à l'appel".Faute de budget, le plan visant à augmenter ces capacités a été repoussé au-delà de 2027.

«La machine judiciaire est à bout de souffle»

Sur le plan judiciaire, Fabien Vanhemelryck décrit une situation d'engorgement et des outils obsolètes : "La machine judiciaire est à bout de souffle. Il y a trois millions de dossiers en souffrance, et nous enregistrons 3,5 millions de nouvelles procédures chaque année. 80 % d'entre elles ne donnent lieu à aucune suite judiciaire."Il dénonce également des logiciels dépassés, évoquant un outil de procédure "vieux de 15 ans".

Face à cette accumulation de difficultés, le syndicaliste se veut direct : "Nous sommes épuisés, désabusés, oubliés. Nous ne réclamons pas des privilèges. Nous demandons juste les moyens d'effectuer notre travail et la reconnaissance d'un pays que nous servons, souvent au péril de nos vies."Et de conclure : "Ce n'est pas un cri de colère. C'est un appel au secours."