Management toxique, locaux insalubres : les policiers municipaux de Corbeil-Essonnes en grève illimitée

Les policiers municipaux de Corbeil-Essonnes sont en grève depuis ce mercredi pour dénoncer notamment des dysfonctionnements internes, un encadrement contesté et des conditions matérielles qu'ils jugent inacceptables.
Management toxique, locaux insalubres : les policiers municipaux de Corbeil-Essonnes en grève illimitée
Des policiers ont manifesté ce mercredi devant l'hôtel de ville de Corbeil-Essonnes pour dénoncer un management toxique et des conditions de travail dégradées. (Alliance Police Nationale - Police Municipale)
Par Actu17
Le jeudi 20 novembre 2025 à 14:18

Une dizaine de policiers municipaux de Corbeil-Essonnes (Essonne) se sont lancés dans une grève illimitée pour dénoncer leurs conditions de travail, un management jugé toxique, la baisse significative des effectifs et la dégradation de leurs locaux et de leur matériel. Réunis place Galignani à l'appel du syndicat Alliance Police Nationale - Police Municipale, ils affirment que le mouvement est strictement professionnel et demandent des mesures immédiates pour rétablir un fonctionnement normal du service.

À l'appel du syndicat, une dizaine d'agents se sont rassemblés devant l'hôtel de ville, quelques heures avant le conseil municipal. Plusieurs policiers municipaux venus d'autres communes étaient aussi présents en soutien. Selon de nombreux fonctionnaires, un malaise profond s'est installé au sein du service depuis l'arrivée du chef de la police municipale et de son adjointe en 2023. Les agents évoquent un management qualifié de toxique, marqué par des brimades et des humiliations envoyées par mail. D'autres parlent également d'un "climat de terreur".

Les fonctionnaires affirment avoir transmis des signalements au parquet concernant des heures supplémentaires déclarées mais non effectuées par deux membres de la hiérarchie.

Les revendications portent aussi sur la structure même du service. Selon Augustin Dumas, référent national du syndicat Alliance Police Nationale - Police Municipale, "ils [les agents] nous demandent une réorganisation hiérarchique du service", rappelant que "le service est dirigé par un directeur contractuel, ce qui n'est pas réglementaire". Le syndicat rapporte également que les policiers souhaitent "une revalorisation et un recentrage des missions de la police municipale", estimant que les missions actuelles sont trop chronophages et ne répondent plus correctement aux besoins des habitants.

Des changements de cycles horaires

Les agents contestent également les cycles horaires en vigueur depuis septembre 2025. L'un d'eux décrit le passage d'un service de 15 heures à 3 heures à un service de 12 heures à minuit, un changement qui laisserait certains créneaux sensibles sans présence de policiers municipaux. Selon Augustin Dumas, "de nombreux agents ont quitté le service suite à la mise en place de ces nouveaux cycles horaires". Des fonctionnaires affirment aussi que la hiérarchie a justifié ces modifications par la volonté de "faire partir ceux qui posaient problème".

La situation des effectifs est un point central du mouvement. Le service serait passé de 35 à 18 agents en six ans, avec "22 départs depuis 2022". Les témoignages décrivent un collectif fragilisé, une hausse notable des arrêts maladie et une démotivation généralisée. Plusieurs policiers soulignent qu'ils ne peuvent plus assurer correctement les missions de proximité attendues dans une grande commune.

Des locaux insalubres

Les conditions matérielles et sanitaires constituent un autre volet des revendications. Les locaux situés boulevard Georges-Michel sont décrits comme insalubres, avec un sol fissuré, un plafond qui s'écroule, de l'humidité et des murs très dégradés. Les véhicules de service sont également concernés : certains sont trop petits pour des interventions efficaces, d'autres présentent une usure importante.

Les demandes portent aussi sur la carrière et la rémunération. Augustin Dumas explique que les policiers réclament "une revalorisation salariale" ainsi qu'une "levée des freins à l'évolution des carrières", plusieurs agents n'étant "pas à jour de leur formation" et souhaitant partir en stage pour accéder à des avancements.

«Nous souhaitons simplement que les agents soient écoutés»

Selon le syndicat, les agents ont tenu à maintenir le mouvement dans un cadre strict. Augustin Dumas précise que "la manifestation a été purement professionnelle" et que "les agents ne voulaient pas que ce soit politisé". Il explique que les fonctionnaires ont demandé aux soutiens politiques de ne pas être présents sur le rassemblement afin d'éviter toute récupération. Selon lui, "sur le rassemblement, il n'y avait que des collègues policiers nationaux et policiers municipaux". Le piquet de grève a été levé avant le conseil municipal.

Les représentants syndicaux appellent désormais la municipalité à reprendre le dialogue. Comme le rappelle Augustin Dumas, "nous souhaitons simplement que les agents soient écoutés". Sollicitée ce jeudi, la mairie de Corbeil-Essonnes était injoignable.