Le dimanche 30 janvier 2022 à 19:52 - MAJ mardi 8 février 2022 à 17:25
"J’ai donné instruction qu’à chaque fois qu’un journaliste fait l’objet de menaces caractérisées, il bénéficie d’une protection policière. Nous trouverons les auteurs de ces menaces". Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a confirmé ce samedi sur Twitter que la journaliste de M6 Ophélie Meunier, 34 ans, avait été placée sous protection suite à de nombreuses menaces de mort.
Nul besoin de faire de la politique politicienne sur ce grave sujet : l’État est au rendez-vous de la protection des acteurs de la démocratie. https://t.co/EDohkzkzTo
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) January 29, 2022
Les faits surviennent après la diffusion d'un reportage dans l'émission "Zone Interdite" ce dimanche 23 janvier, consacré à l’islamisme et au séparatisme dans la commune de Roubaix. Une émission présentée par la journaliste.
Depuis mars 2021, l'association AIR (Ambition et initiatives pour la réussite) implantée à Roubaix est soupçonnée d’avoir eu des activités religieuses alors qu’elle disposait de subventions. Des journalistes de M6 ont pu recueillir des propos à l’intérieur de l’association, en caméra cachée. Une mère de famille a notamment confié que « avant, il y avait deux séances par semaine, une d’éducation islamique et une autre de Coran. Ma fille, elle avait 3 ans elle connaissait toutes les sourates ». Une deuxième mère a pris la parole : « Ils faisaient le Coran, la religion, les prières tout ça. La directrice m’a dit : 'on attend que ça se calme parce qu’on a peur qu’on nous ferme l’association' ».
Après la diffusion du reportage, la préfecture du Nord a réagi ce dimanche soir sur Twitter : « des contrôles réalisés par les services de l’État ont mis en évidence que l’association AIR dispensait des cours d’arabe à caractère culturel », a-t-elle assuré, précisant que les subventions de l’État à cette association ont été suspendues le 1er mars 2021. La préfecture a également précisé qu'elle avait « demandé le remboursement des subventions versées » et a fait un « signalement au parquet de Lille ».
Traité de "kouffar" et menacé de décapitation
La diffusion de ce reportage a provoqué de vives et violentes réactions sur les réseaux sociaux. Amine Elbahi, qui apparaît dans l’émission à visage découvert, a lui aussi été menacé de mort. Il avait alerté la préfecture du Nord en octobre 2020 concernant les activités de l'association AIR qui bénéficiait de subventions, évoquant des soupçons de clientélisme du maire DVD, Guillaume Delbar. Amine Elbahi a notamment été traité de "kouffar" sur les réseaux sociaux et par SMS. Il a également été menacé de décapitation a fait savoir son avocat. L'homme a déposé plainte vendredi et fait désormais lui aussi l'objet d'une protection policière.
J'exprime toute ma reconnaissance et mon plus profond respect aux policiers qui assurent désormais ma protection pour continuer à porter fièrement mes idées pour la France 🇫🇷
— Amine Elbahi (@AmineElbahii) January 29, 2022
Le maire DVD de Roubaix, Guillaume Delbar, a annoncé son intention de porte plainte lui aussi, évoquant un "déferlement de haines et de menaces" et affirmant être devenu « une cible vivante ». L'édile, ainsi que trois membres de l'association sont convoqués mardi devant le tribunal correctionnel de Lille, le premier pour détournement de fonds "par négligence", les autres pour "abus de confiance". Une date fixée bien avant la diffusion du reportage.