Le samedi 12 avril 2025 à 13:45 - MAJ samedi 12 avril 2025 à 14:24
Un jeune gendarme mobile âgé de 25 ans affecté à l'escadron 27/1 de Drancy (Seine-Saint-Denis) est décédé le 4 avril dernier des suites d'une longue maladie. Ses obsèques se sont déroulées ce jeudi 10 avril dans le Nord. De nombreux collègues du militaire ont souhaité lui rendre un dernier hommage en assistant à la cérémonie, mais se sont retrouvés confrontés à un refus de leur hiérarchie, a-t-on appris de plusieurs sources. Une décision qui a provoqué une vive incompréhension dans les rangs de cet escadron.
"C'est un moment qui n'aurait jamais dû être considéré comme une simple formalité, mais comme un moment de recueillement et de solidarité", nous confie un gendarme sous couvert d'anonymat. Le 4 avril dernier, Florent L., est décédé après s'être battu durant un an contre une grave maladie, malgré des signes d'espoir. Il était âgé de 25 ans.
Ses collègues ont naturellement souhaité s'organiser pour assister à ses obsèques, jeudi matin, à l'église de Bachant (Nord). Mais seulement 24 militaires de l'unité, sur les 110 qu'elle compte, ont été autorisés à se rendre aux funérailles, alors que l'escadron se trouvait en stage de recyclage opérationnel, au Centre national d'entraînement des forces de gendarmerie (CNEFG), situé à Saint-Astier (Dordogne). "Ce stage d'une durée de douze jours, réalisé tous les trois ans, ne revêtait pas de caractère impératif, ce sont des séances d'entraînement", souligne un officier de gendarmerie. Au total, plusieurs dizaines de gendarmes mobiles de l'unité ont effectué des demandes pour pouvoir assister à la cérémonie. Elles ont toutes été refusées.
«D'autres gendarmes ont préféré renoncer par crainte de sanction»
Selon nos informations, une vingtaine de gendarmes de l'escadron ont souhaité consulter un médecin au cours de la semaine, qui leur a délivré un arrêt de travail. N'ayant aucune restriction de déplacements, ces militaires ont décidé de se rendre aux obsèques, tout comme certains de leurs collègues qui ne participaient pas au stage de recyclage.
Les gendarmes en arrêt maladie, restés à Saint-Astier, ont alors reçu de multiples rappels à l'ordre. D'autres personnels décrivent "des intimidations". "Les potentiels malades qui décideraient de quitter le centre sans autorisation préalable devront rendre compte", peut-on lire sur un message publié à l'attention des militaires, par le commandement de l'unité. D'autres gendarmes en congés maladie ont été convoqués pour subir une contre-visite mercredi soir, soit la veille de l'enterrement, au sein de l'antenne médicale du CNEFG. "Une convocation au moment de prendre la route pour tenter de les dissuader de rejoindre le Nord. Un vrai climat de tension malgré la douleur liée à la perte de notre collègue", témoigne le même gendarme sous couvert d'anonymat, à Actu17. "D'autres gendarmes et personnels sous contrat ont préféré renoncer par crainte de sanction, malgré leur souhait d'être présents pour ce dernier au revoir à Florent".
Malgré ces interdictions, plusieurs militaires ont tout de même pris la décision de faire le déplacement. Toujours selon nos informations, une vingtaine de gendarmes en arrêt maladie ont pu quitter mercredi matin le centre d'entraînement à temps pour se rendre à Bachant, situé à près de 800 km de Saint-Astier, et ainsi assister aux obsèques de Florent L., malgré un ordre de "retour sans délai" transmis par leur hiérarchie peu après leur départ. Une délégation de dix-sept militaires a également pu se rendre sur place, tout comme certains membres de l'escadron qui ne participaient pas au stage à Saint-Astier.
Sollicité ce jeudi 10 avril, le service d'information et de relations publiques des armées (SIRPA), nous indique qu'"afin de ne pas obérer la capacité opérationnelle de l'escadron, il n'a pas été possible de se séparer de plus de 24 personnels". "C'est pourquoi 24 personnels ont été autorisés à quitter temporairement le stage pour se rendre aux obsèques", a précisé le SIRPA. Interrogé afin de savoir s'il y a d'autres impératifs que ce stage de recyclage opérationnel qui ont pu limiter le nombre de gendarmes pouvant se rendre à cette cérémonie, le SIRPA nous a indiqué ne pas disposer de "plus d'éléments".
Ce vendredi 11 avril, une dizaine de militaires de l'unité ayant assisté aux funérailles ont reçu une demande de rapport afin qu'ils justifient leur présence à Bachant. Ils risquent désormais des sanctions.
Une cagnotte en ligne a été ouverte pour soutenir la famille de Florent L., par la Fondation Maison de la Gendarmerie. Elle est accessible ici.