Suicides dans la police : le ministère de l'Intérieur veut augmenter le nombre de «Sentinelles»

Le ministère de l'Intérieur souhaite, par cet intermédiaire, détecter plus facilement les fonctionnaires en difficulté. 41 "Sentinelles" ont été formées en 2021, la place Beauvau veut qu'il y en ait 2000 d'ici la fin 2022.
Suicides dans la police : le ministère de l'Intérieur veut augmenter le nombre de «Sentinelles»
Illustration. (photo Obatala-photography/shutterstock)
Par Actu17
Le samedi 5 février 2022 à 20:43 - MAJ samedi 5 février 2022 à 20:57

Douze policiers ont mis fin à leurs jours depuis le 1er janvier. Onze hommes et une femme. Dimanche dernier, Mickaël H., 50 ans, brigadier-chef à la police aux frontières (PAF) de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, s'est donné la mort dans sa maison de Saint-Martin-Longueau (Oise). Face à cette situation dramatique, le ministère de l'Intérieur a décidé de réagir à en développant son réseau de "Sentinelles". Il s'agit de policiers formés à détecter leurs collègues fragilisés.

Ce vendredi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a reçu les syndicats et associations spécialisées, en compagnie du directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux. Le ministre a notamment annoncé le lancement d'une mission confiée à l'Inspection générale de l'administration (IGA) pour renforcer "la médecine de prévention" et le "réseau de psychologues" de la police, a fait savoir la place Beauvau.

Gérald Darmanin doit également envoyer la semaine prochaine un courrier à tous les policiers pour leur témoigner son "soutien" et appeler l'encadrement à la "vigilance" face aux "signaux faibles de ces situations". Le DGPN avait déjà réuni le 20 janvier les acteurs concernés.

Un "rôle visible", "au cœur" de leur service

Le déploiement des "Sentinelles" va donc être accéléré afin de détecter plus facilement les fonctionnaires en difficulté. "Cela peut être quelqu'un qui va être plus discret, un peu plus négligé, fatigué, qui va perdre du poids, être cynique et faire des allusions à des intentions suicidaires ou avoir des retards inhabituels", a déclaré l'un de ses fonctionnaires, à l'AFP. En 2021, 41 d'entre eux ont été formés et l'objectif est d'en avoir 2000 d'ici la fin de l'année 2022. Ces personnes sont choisies parce qu'elles occupent un "rôle visible", "au cœur" de leur service ajoute ce même fonctionnaire.

"Cela fait vingt-cinq ans qu'on a 45 suicides par an en moyenne, il est temps d'essayer de nouveaux chemins", a appuyé le porte-parole de l'association PEPS SOS Policiers en détresse, Christophe Girard. Composée de 26 policiers, l'association a reçu plus de 6000 appels d'agents l'année dernière a-t-il ajouté. Christophe Girard a reçu le "feu vert" du DGPN, Frédéric Veaux, afin de se rendre prochainement au Canada, qui a utilisé des "Sentinelles" pour faire chuter drastiquement le nombre de suicides dans les rangs de sa police. Entre 1997 et 2008, le nombre de suicide a été réduit de 79%, ramené à quatre cas.

Vingt psychologues supplémentaires

Gérald Darmanin a par ailleurs annoncé l'arrivée de vingt psychologues supplémentaires au sein du service de soutien psychologique opérationnel (SSPO), portant leurs effectifs à 120 pour les 145 000 policiers de France. Une structure créée en 1996 à la suite des attentats parisiens de 1995, notamment pour prendre en charge les syndromes de stress post-traumatiques des membres des forces de l'ordre.