Agents pénitentiaires tués : le détenu évadé, Mohamed Amra, est mis en examen dans deux dossiers criminels

Mohamed Amra, surnommé "la Mouche", le détenu de 30 ans qui s'est évadé ce mardi en fin de matinée au péage d'Incarville (Eure) lors de l'attaque mortelle du convoi pénitentiaire dans lequel il se trouvait, est bien connu de la justice. Originaire de Rouen (Seine-Maritime), il avait été condamné il y a une semaine par le tribunal d'Évreux (Eure). Il est mis en examen dans deux dossiers distincts, l'un pour tentative de meurtre à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) et l'autre pour homicide volontaire à Marseille.

Mardi dernier, Mohamed Amra, déjà condamné à douze reprises, a écopé d'une peine de 18 mois de prison ferme par le tribunal judiciaire d'Évreux pour des vols aggravés, notamment des vols dans des supermarchés et des commerces dans la banlieue d'Évreux, entre août et octobre 2019. En outre, il a été mis en examen en janvier 2022 dans une affaire de tentative de meurtre survenue à Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) en octobre 2021. C'est dans le cadre de cette enquête qu'il était convoqué par un juge d'instruction de Rouen ce mardi matin. Le convoi a été attaqué par plusieurs malfaiteurs lourdement armés, alors qu'il était sur le chemin du retour, en direction de la maison d'arrêt d'Évreux. Il se trouvait à environ 30 km de son point d'arrivée au moment de l'attaque.

Un homme tué et retrouvé dans une voiture brûlée

Mohamed Amra a également été mis en examen à Marseille pour un homicide volontaire commis le 17 juin 2022 sur un habitant de Dreux, dans un dossier de trafic de stupéfiants. La victime dans cette affaire avait été retrouvée calcinée dans une voiture près d'Aubagne (Bouches-du-Rhône) avec une balle dans la tête. Les enquêteurs étaient parvenus à identifier formellement cette dernière par l'intermédiaire de son ADN, quelques jours après la découverte de son corps. Sa compagne avait signalé sa disparition et aurait reçu une demande de rançon.

Dans un communiqué en début de soirée, le parquet de Paris a donné des précisions concernant les condamnations et mises en examen du fugitif.

Écroué pour trois condamnations

Mohamed Amra "était détenu à la Maison d’Arrêt d’Evreux en exécution de plusieurs peines". "3 mois d’emprisonnement prononcés le 14 avril 2020 par le tribunal correctionnel d’Evreux pour rodéos motorisé, 3 ans d’emprisonnement prononcés le 5 janvier 2022 par la cour d’appel de Rouen, pour vol par effraction, association de malfaiteurs en vue de la commission d’un crime, extorsion par personne dissimulant son visage, destruction par moyen dangereux, vol en bande organisée, vol par effraction aggravé par une autre circonstance, violence avec arme n’ayant pas entraîné d’incapacité de travail, et 18 mois d’emprisonnement prononcés le 7 mai 2024 par le tribunal correctionnel d’Evreux pour vol par effraction dans un local d’habitation, aggravé par une autre circonstance. Il était préalablement en détention provisoire dans ce dossier depuis le 25 avril 2023".

Il était également mis en examen "depuis le 26 janvier 2022, dans un dossier d’instruction du tribunal judiciaire de Rouen (l'affaire de Saint-Etienne-du-Rouvray, ndlr), dans lequel il est mis en examen pour tentative d’extorsion avec arme, tentative d’assassinat, et détention d’arme de catégorie B" et "depuis le 26 septembre 2023, dans un dossier d’instruction du tribunal judiciaire de Marseille, dans lequel il est mis en examen pour meurtre en bande organisée, enlèvement et séquestration d’otage pour obtenir l’exécution d’une condition commis en bande organisée, destruction par moyen dangereux en bande organisée, participation à une association de malfaiteurs en vue de la commission d’un crime".

Une tentative d'évasion dimanche

Mohamed Amra n'était pas un détenu particulièrement signalé (DPS) "mais nécessitait une escorte de niveau 3", a indiqué la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, dans un communiqué ce mardi après-midi. L'homme aurait, en outre, tenté de s'évader dimanche de sa cellule de prison d'Évreux, en sciant les barreaux.

Deux agents entre la vie et la mort

L'attaque mortelle ce mardi matin s'est déroulée vers 11 heures au niveau du péage d'Incarville (Eure), sur l'autoroute A154, comme révélé par Actu17. Les malfaiteurs, qui étaient au moins quatre, ont ouvert le feu à de multiples reprises avec des fusils d'assaut, après avoir percuté le fourgon des fonctionnaires du pôle de rattachement des extractions judiciaires (PREJ) de Caen (Calvados), avec une Peugeot 5008. On ne sait pas si les agents pénitentiaires ont pu riposter. Deux d'entre eux ont été tués, trois autres sont grièvement blessés, dont deux qui ont leur pronostic vital engagé, a indiqué le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti. Cette scène extrêmement violente a été filmée par une caméra de vidéoprotection. Un important dispositif de forces de l'ordre a été déployé pour retrouver le fugitif et les malfaiteurs. Les gendarmes du GIGN participent à ces opérations.