Le jeudi 2 avril 2020 à 20:42
Plusieurs témoignages de soignants font état de messages ou d'intimidations reçus de la part de leurs voisins qui les considèrent comme une menace pour leur santé, depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19.
Un nouvel exemple de ce comportement de la part d'une faible partie de la population s'est manifesté mardi, à Montarnaud (Hérault), rapporte France Bleu. Ce jour-là, une infirmière anesthésiste, qui travaille actuellement au service réanimation de l'hôpital La Peyronnie au CHU de Montpellier, a fait appel aux gendarmes après avoir été contactée par les propriétaires de son logement.
Sur place, elle a expliqué aux militaires de la compagnie de Castelnau-le-Lez qu'elle « était contrainte, ainsi que sa famille, de quitter l'habitation qu'elle occupait », a indiqué le procureur de la République de Montpellier un communiqué de presse.
Sous la pression, elle quitte le logement
Au terme de plusieurs jours de conflit avec ses propriétaires qui vivent dans l'appartement du dessus, l'infirmière a finalement rendu son logement, situé au rez-de-chaussée, qu'elle louait depuis juillet dernier avec son compagnon et sa fille de trois ans.
Au début du confinement, elle avait décidé d'y faire venir sa fille de 20 ans et sa mère, qui vivait dans une résidence pour personnes âgées à Montpellier. L'infirmière comptait ainsi protéger ses proches de toute contamination, et avait élu domicile dans le petit studio de sa fille de 20 ans, près du CHU de Montpellier.
Les propriétaires leur rendent la vie impossible
Bien décidés à faire partir tout ce petit monde de l'appartement du rez-de-chaussée, les propriétaires âgés de 75 et 80 ans et malades ont commencé à leur rendre la vie insupportable. Ils ont coupé le chauffage, l'eau chaude, l'antenne de la télévision, et faisaient le plus de bruit possible très tôt le matin.
L'infirmière, épuisée par ce conflit et par ses journées de travail interminables au CHU de Montpellier a finalement abandonné. Sa mère est retournée dans sa résidence pour personnes âgées où elle est cloîtrée dans sa chambre en raison de la pandémie. Son compagnon, un viticulteur, est parti vivre chez ses parents, et ses deux filles habitent dans le studio de Montpellier.
Un logement gratuit solidaire grâce à Airbnb
La soignante a, quant à elle, pu être hébergée gracieusement dans un logement Airbnb, via le dispositif Open Homes inauguré dans le cadre des mesures de solidarité pour le personnel des hôpitaux.
Le maire de la commune a appris la nouvelle dans la presse et s'est dit « catastrophé » et « consterné » par cette situation. L'édile souhaite que l'infirmière le contacte pour organiser une réunion de conciliation. Le procureur de la République de Montpellier a toutefois ouvert une enquête préliminaire pour faire la lumière sur ces faits.
Il ne s'agit malheureusement pas d'un cas isolé. Plusieurs soignants ont déjà fait les frais de voisins peu solidaires voire hostiles à leur présence, qu'ils considèrent comme dangereuse pour leur santé.