Adolescent tué à Viry-Châtillon : des échanges «sur la sexualité» entre la victime et la sœur de suspects à l'origine de l'agression

Cinq suspects on été déférés ce dimanche en vue de leur mise en examen, dans l'enquête sur l'assassinat du jeune Shamseddine, battu à mort à Viry-Châtillon (Essonne) ce jeudi après-midi, près de son collège. Les motivations des auteurs seraient en lien avec des discussions "relatifs à la sexualité", avec la sœur de deux des suspects.
Adolescent tué à Viry-Châtillon : des échanges «sur la sexualité» entre la victime et la sœur de suspects à l'origine de l'agression
Illustration. (BreizhAtao / Shutterstock)
Par La Rédaction
Le dimanche 7 avril 2024 à 20:08

72 heures après le meurtre de Shamseddine à Viry-Châtillon (Essonne), roué de coups par plusieurs personnes à proximité de son collège, le procureur de la République d'Évry, Grégoire Dulin, a livré de nouveaux détails sur le déroulement et les circonstances du drame, dans un communiqué, ce dimanche soir. Les cinq suspects ont été déférés ce dimanche en vue de leur mise en examen. Le parquet a requis le placement en détention provisoire de quatre d'entre eux, âgés de 17 à 20 ans.

Shamseddine, 15 ans, venait de sortir du collège des Sablons lorsqu'il a été très violemment agressé et roué de coups. L'adolescent a été "pris en charge par les services de secours  dans un hall d'immeuble situé à proximité de son établissement scolaire, allée de Menton", indique le magistrat. L'adolescent se trouvait alors "dans un état critique". Il est décédé le lendemain à l'hôpital Necker à Paris (XVe). "L'autopsie établissait que la cause de la mort était due à un traumatisme crânien ayant entraîné un hématome sous-durai. Etaient également relevées plusieurs autres lésions traumatiques sur le corps de la victime et l'absence de lésions de défense sur ses mains et ses avant-bras", détaille le procureur.

Les enquêteurs de la police judiciaire de l'Essonne ont rapidement interpellé et placé en garde à vue cinq personnes ce vendredi : un majeur de 20 ans, trois mineurs de 17 ans et une mineure de 15 ans. "Trois de ces personnes étaient issues d'une même fratrie : le majeur de 20 ans, un des mineurs de 17 ans et la mineure de 15 ans", poursuit la même source.

Des discussions «relatifs à la sexualité» avec la sœur des suspects

Le procureur évoque ensuite ce que sont manifestement les motivations des agresseurs présumés : "Il ressortait des premiers éléments de l'enquête et des déclarations évolutives des mis en cause quant à leur implication et au déroulement des faits que les deux frères avaient appris, plusieurs jours auparavant, que leur sœur correspondait avec des personnes de son âge sur des sujets relatifs à la sexualité. Craignant pour sa réputation et celle de leur famille, ils avaient enjoint à plusieurs garçons de ne plus entrer en contact avec elle. Ils avaient ensuite appris que la victime se vantait de pouvoir librement parler avec leur sœur, n'ayant pas encore eu à subir de pression de leur part".

Concernant le déroulement des événements, le procureur a précisé qu'à 16 heures ce jeudi, "les deux frères, accompagnés de deux connaissances, s'étaient rendus au collège des Sablons où ils avaient croisé la victime, de manière fortuite selon leurs déclarations. Ils avaient ensuite demandé à l'adolescent de les suivre dans un hall d'immeuble pour avoir une explication au sujet des propos qu'il tenait à l'égard de la jeune fille. Le ton était monté et des coups avaient été portés, entraînant la chute de la victime", détaille Grégoire Dulin.

De fausses indications données aux policiers après l'agression

Après cette violente agression, le suspect majeur a alerté les secours mais a intentionnellement fourni de fausses informations aux policiers, "en expliquant notamment qu'il avait vu plusieurs jeunes cagoulés s'enfuir à pied". "Les quatre individus avaient ensuite regagné leur véhicule, à une allure normale, et étaient repartis vers leurs domiciles respectifs". Les investigations également ont montré que l'adolescente de 15 ans n'était pas présente au moment de la commission des faits. "Il existe cependant des indices graves et concordants permettant de considérer qu'elle était informée des intentions des frères vis-à-vis de la victime".

"Une information judiciaire est ouverte des chefs d'assassinat à l'encontre des quatre jeunes hommes et d'abstention volontaire d'empêcher un crime à l'encontre de la mineure", poursuit le procureur, qui a requis le placement en détention provisoire des quatre suspects de 17 à 20 ans, "compte tenu notamment des risques de concertation et de pression sur les témoins, ainsi que du trouble majeur à l'ordre public suscité par l'extrême gravité des faits".

Trois suspects déjà condamnés par la justice par le passé

Trois des quatre suspects sont déjà connus de la justice. Le majeur de 20 ans "a été condamné le 6 février 2023 par le tribunal correctionnel d'Evry en comparution immédiate pour des faits de détention de stupéfiants à une peine de 6 mois d'emprisonnement avec sursis". Son frère de 17 ans "a été condamné le 7 février 2023 à une sanction d'avertissement judiciaire par le tribunal pour enfants d'Evry pour des faits commis en février 2021 de violence commise en réunion n'ayant pas entrainé d'incapacité de travail, extorsion et vol aggravé par deux circonstances". Quant au second mineur, il "a été reconnu coupable par le tribunal pour enfants le 17 novembre 2023 de faits de tentative d'extorsion commis en septembre 2023 et fait l'objet d'une mesure éducative dans l'attente de son jugement sur la sanction".

En outre, l'adolescente de 15 ans "n'a aucune mention à son casier judiciaire". Le parquet a requis à son encontre "la mise en place d'une mesure éducative provisoire judiciaire avec un placement dans un établissement éducatif et l'interdiction de paraître dans l'Essonne". C'est désormais un juge d'instruction qui va diriger la suite de l'enquête, "pour déterminer avec précision les causes et les circonstances de ces faits criminels".