Le dimanche 3 décembre 2023 à 13:20 - MAJ dimanche 3 décembre 2023 à 14:11
Armand Rajabpour-Miyandoab, le terroriste français d'origine iranienne âgé de 26 ans, fiché S, qui a poignardé à mort un homme en pleine rue à Paris près du pont de Bir-Hakeim avant de faire deux blessés et d'être interpellé par les policiers, est déjà bien connu de la justice antiterroriste. Il avait en effet été interpellé le 26 juillet 2016 par les policiers de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), alors qu'il s'apprêtait à commettre une attaque à l'arme blanche à La Défense (Hauts-de-Seine).
Né à Neuilly-sur-Seine, Armand Rajabpour-Miyandoab a ensuite été condamné en mars 2018 à cinq ans de prison dont un an de sursis avec mise à l'épreuve, indique le centre d'analyse du terrorisme (CAT). Une peine qu'il a purgé, a souligné le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, ce samedi soir lors de sa prise de parole sur les lieux du drame. Durant l'enquête mais également lors de son procès, l'homme âgé alors de 19 ans, avait affirmé qu'il était sur le chemin de la déradicalisation. Un processus de déradicalisation qui "reste manifestement fragile", précisait le jugement de la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Les policiers avaient découvert des vidéos de propagande du groupe État islamique (EI), notamment de décapitation.
Lorsqu'il a été interpellé en 2016, Armand Rajabpour-Miyandoab était étudiant en biologie, rappelle Le Parisien. Il s'est converti à l'islam en 2015 alors qu'il était au contact de Maximilien Thibaut qu'il a rencontré par l'intermédiaire d'un site web spécialisé dans les photos de graffitis, sa passion. Maximilien Thibaut a été condamné en juillet 2015 à trois ans de prison dont deux avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris, après avoir été interpellé en avril 2012 dans l'enquête sur le groupuscule islamiste Forsane Alizza. Il avait ensuite rejoint la zone irako-syrienne avec son épouse et leurs enfants. L'homme aurait été tué par l'armée irakienne lors d'affrontements. Armand Rajabpour-Miyandoab, décrit comme timide, solitaire et psychologiquement faible par sa famille, est également soupçonné d'avoir tenté de rejoindre son ami en zone irako-syrienne.
Des liens avec Larossi Abballa et Adel Kermiche
Parmi les contacts de l'époque d'Armand Rajabpour-Miyandoab, on retrouve Larossi Abballa, le terroriste de Magnanville (Yvelines) qui a tué un couple de policiers en 2016 avant d'être abattu par les policiers lors de l'assaut, mais également Adel Kermiche, l’un des auteurs de l’assassinat du père Hamel en son église de Saint-Étienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le 26 juillet 2016. Les deux enquêtes n'ont néanmoins pas fait apparaître d'implication d'Armand Rajabpour-Miyandoab dans ces deux attentats. Ce dernier a affirmé aux enquêteurs de la DGSI en 2016 qu'il s'était auto-déradicalisé, aussi vite qu'il s'était radicalisé. Pourtant, sur les réseaux sociaux, le jeune homme vise les "kouffars" et mance la France sur Twitter. Il ironise également sur l'attentat de Nice, le 14 juillet 2016. "J’ai encore des pensées noires, je reconnais que l’attentat de Nice ne m’a pas déplu et je trouve que ce qui arrive est normal, vu l’implication de la France dans le conflit syrien", confie le suspect aux enquêteurs, rapporte Le Parisien. Examiné par un psychiatre à cette époque, le médecin ne diagnostique pas de trouble psychiatrique mais évoque une "personnalité pathologique de type schizoïde".
Une vidéo de revendication
Armand Rajabpour-Miyandoab s'était présenté au commissariat de La Défense en octobre 2020, quelques jours après l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) qui a coûté la vie à Samuel Paty, expliquant avoir été en contact avec le tueur, Abdoullakh Anzorov. Placé en garde à vue, Armand Rajabpour-Miyandoab avait été mis hors de cause dans ce dossier.
Une vidéo de revendication, où Armand Rajabpour-Miyandoab s'exprime durant deux minutes, a été publiée sur son compte personnel sur le réseau social X, peu après 21 heures, juste avant son passage à l'acte. Dans cette publication de deux minutes, il porte un bonnet, un masque chirurgical et des lunettes de soleil. Il se présente comme un soutien du "califat de l’État islamique (EI)" et fait allégeance au calife Abou Hafs. Le terroriste affirme notamment agir "pour venger les musulmans" et salue les djihadistes de Daech. Une vidéo qui était toujours en ligne sur son compte X, ce dimanche à la mi-journée.
Au moment de son interpellation, le tueur, qui aurait hurlé "Allah akbar" durant l'attaque, a déclaré aux policiers qu'il "ne supportait pas que les Musulmans soient tués dans le monde" et qu'il "voulait mourir en martyr".
Plusieurs témoins ont filmé l'intervention rapide des policiers de la police-secours du VIIe arrondissement, rejoints par leurs collègues de la brigade territoriale de contact (BTC) du XVe arrondissement de Paris. Les forces de l'ordre ont utilisé un pistolet à impulsion électrique à deux reprises, pour interpeller l'assaillant, au niveau du parc de Passy dans le XVIe arrondissement, ce samedi soir, alors qu'il venait de faire trois victimes.
Dans la vidéo avant son arrestation, on peut voir l'agresseur tenant un marteau. Malgré cela, le policier est resté calme et a utilisé un pistolet Taser pour neutraliser l'individu. #attentat #AttaqueAuCouteau #AttaqueParis pic.twitter.com/BU8q9kV07s
— Cpasdeslol (@cpasdeslol_X) December 3, 2023
Des perquisitions au cours de la nuit
Selon les informations d'Actu17, une perquisition a été menée au cours de la nuit au domicile d'Armand Rajabpour-Miyandoab à Juvisy-sur-Orge (Essonne). Aucune arme ni explosif n'ont été découverts. Les enquêteurs vont exploiter ses supports informatiques, afin de déterminer s'il a eu des contacts avec d'autres personnes avant cet attentat et si ces dernières ont une éventuelle implication. Toujours selon nos informations, le domicile des parents du terroriste, situé à Puteaux (Hauts-de-Seine), a également été perquisitionné au cours de la nuit.
Le parquet national antiterroriste (PNAT) a annoncé dans la nuit qu'il se saisissait de l'enquête sur cet attentat. La DGSI a été co-saisie des investigations, avec la section anti-terroriste de la brigade criminelle de Paris (SAT).