Le mardi 3 décembre 2024 à 15:47
Mohammed Chahbar, un retraité de 62 ans, a été mis en examen ce lundi par le pôle "cold cases" du tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine) pour les meurtres de Nathalie Boyer et Laïla Afif, a indiqué le parquet. Ces deux affaires, qui font partie des "disparus de l’Isère", demeuraient non élucidées depuis respectivement 1988 et 2000.
Mohammed Chahbar a été confondu grâce à des traces ADN retrouvées sur des objets liés au meurtre de Laïla Afif, une mère de famille abattue d’une balle dans la nuque dont le corps a été découvert dans le canal de la Bourbre à La Verpillière (Isère) en mai 2000. De plus, des témoins avaient signalé à l’époque une Citroën BX blanche, propriété de Mohammed Chahbar, rôdant sur les lieux. Ces éléments viennent s’ajouter à une proximité avérée avec les deux victimes.
Concernant Nathalie Boyer, une adolescente de 15 ans retrouvée égorgée en août 1988 à Saint-Quentin-Fallavier (Isère), Mohammed Chahbar résidait à l’époque dans le même quartier. Des témoignages rapportent qu’il avait été aperçu en train de suivre des jeunes femmes et de roder autour de son domicile. "La famille de Nathalie habitait à quelques centaines de mètres de Momo. Tout le quartier le sait. À plusieurs reprises, il a failli être passé à tabac car il était trop entreprenant avec les femmes", a déclaré un ancien voisin au Dauphiné.
Le suspect connaissait Laïla Afif
Dounia, la fille de Laïla Afif, a confirmé que le suspect connaissait bien sa famille. "Son épouse de l’époque était une amie de maman. Les deux familles se connaissaient bien. Il arrivait que M. Chahbar proposait ses services à maman pour l’aider dans les courses", a-t-elle confié. Cette proximité aurait été niée par le suspect lors de sa garde à vue.
Nathalie Boyer, quant à elle, avait disparu le 2 août 1988 à Villefontaine (Isère), non loin du domicile de Mohammed Chahbar. Selon les enquêteurs, les deux victimes auraient été abordées dans des abribus, ce qui renforce la thèse d’un mode opératoire similaire.
Interpellé lundi dernier à Dijon (Côte-d’Or) où il vivait depuis plusieurs années, Mohammed Chahbar a été placé en garde à vue pendant 96 heures par les gendarmes de la Section de recherches de Grenoble. À l’issue de son interrogatoire devant la juge Sabine Khéris, il a été mis en examen pour ces deux meurtres et placé en détention provisoire. Ses avocats, Me Émilie Boyé et Me Pierre-Vincent Connault, affirment qu’il "conteste fermement les faits" et dénoncent "une grande souffrance liée à cette mise en cause sur des faits très anciens".
Désormais, les investigations se poursuivent pour explorer le passé de Mohammed Chahbar. Des habitants de Bourgoin-Jallieu (Isère) ont également rapporté qu’il était collègue du père de Charazed Bendouiou, une fillette disparue en 1987, un an avant le meurtre de Nathalie Boyer. Le retraité reste à ce stade présumé innocent.