Le vendredi 24 février 2023 à 14:27 - MAJ vendredi 24 février 2023 à 18:13
L'adolescent de 16 ans soupçonné d'avoir poignardé à mort Agnès Lassalle, 52 ans, sa professeure d'espagnol, en pleine cours, à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), a été mis en examen pour "assassinat". Il a été placé en détention provisoire.
Durant sa garde à vue, l'adolescent "a mis en avant une petite voix qui lui parle, un être qu'il décrit comme égoïste, manipulateur, égocentrique, qui l'incite à faire le mal et qui lui aurait suggéré la veille de commettre un assassinat", a expliqué le procureur de la République de Bayonne, Jérôme Bourrier, jeudi.
"Suivi par un médecin psychiatre", le lycéen avait fait en octobre "une tentative de suicide médicamenteuse et faisait depuis l'objet d'une prescription d’antidépresseurs". Son état de santé a été jugé compatible avec la mesure de garde à vue. Des expertises seront réalisées ultérieurement afin de déterminer si cet adolescent peut être entièrement tenu responsable de ses actes.
Le suspect a aussi évoqué des "faits de harcèlement" subis dans son précédent établissement, un collège public de la ville, et "une dispute" la veille avec un camarade. Il a également admis "une forme d'animosité à l'égard de sa professeure d'espagnol", seule matière où ses résultats n'étaient pas bons.
Professeure tuée: l'avocat du lycéen mis en examen parle d'"une sorte de noyade, de souffrance intime" comme "clé du dossier" pic.twitter.com/5keUMhWDOk
— BFMTV (@BFMTV) February 24, 2023
Le lycéen, décrit comme "parfois arrogant" ou "colérique", a utilisé un couteau de cuisine d'une lame de 18 cm, qu'il avait dissimulé dans un rouleau de papier essuie-tout.
«Ravagé par le geste qu'il a commis»
Les "motivations personnelles" de l'adolescent de 16 ans, inconnu des services judiciaires, "ont besoin d'être sondées, appréciées, testées par des psychiatres", afin de déterminer si son discernement était "entier", ou "au contraire aboli, ou éventuellement altéré", a déclaré à la presse Me Thierry Sagardoytho à la sortie du tribunal judiciaire de Bayonne.
Pour l'avocat, cette expertise "fait totalement l'impasse sur la tentative de suicide" de l'adolescent en octobre 2022, évoquée par le procureur, "et les prescriptions médicales dont il était l'objet". Cette tentative de suicide "questionne considérablement au regard de ce qui lui est aujourd'hui reproché", a-t-il poursuivi. "La prise en charge était-elle adaptée ? Des signes avant-coureurs ont-ils été décelés ? Visiblement non."
"Lorsqu'il raconte les faits, à mon sens ce n'est pas lui qui agit. Lorsqu'on parle à la troisième personne de soi-même, je m'interroge sur une possible dissociation de personnalité", ajoute Me Sagardoytho. L'adolescent "est évidemment ravagé par le geste qu'il a commis et qui lui est reproché", a également souligné l'avocat dressant le portrait d'un "garçon brillant dans les disciplines scientifiques, visiblement moins à l'aise dans la langue espagnole".