Enseignante tuée à Saint-Jean-de-Luz : le suspect évoquerait un «conflit intérieur avec un être malfaisant»

La garde à vue de l'élève de 16 ans qui a poignardé à mort son enseignante à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) ce mercredi, a été prolongée. Ce dernier aurait affirmé avoir été "en conflit intérieur avec un être malfaisant", et avoir entendu des voix. Des antidépresseurs ont été découverts chez lui.
Enseignante tuée à Saint-Jean-de-Luz : le suspect évoquerait un «conflit intérieur avec un être malfaisant»
Des fleurs ont été déposées à l'entrée du collège-lycée Saint-Thomas d'Aquin de Saint-Jean-de-Luz, où une professeure d'espagnol a été tuée, le 22 février 2023. (AFP)
Par Actu17 avec AFP
Le jeudi 23 février 2023 à 14:23 - MAJ jeudi 23 février 2023 à 14:38

Les élèves du collège-lycée Saint-Thomas d'Aquin de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) ont rendu hommage à leur enseignante, Agnès Lassalle, en déposant des fleurs le jeudi matin. Elle a été poignardée à mort ce mercredi par un étudiant "en conflit intérieur", qui a été placé en garde à vue. La mesure a été prolongée.

Une équipe de médecins et de psychologues a été mise en place par l'école pour aider les étudiants à faire face à la tragédie et les soutenir dans cette épreuve difficile. Une responsable a déclaré que l'objectif de cette cellule était d'"accompagner, de rassurer" et de recentrer les étudiants dans la réalité. En signe de solidarité, une minute de silence sera observée à 15 heures dans tous les établissements secondaires de France qui ne sont actuellement pas en congé.

"C'est important d'être présent (à l'école) pour sa famille, ses proches, ses élèves, il faut donner de la force aussi à ceux qui ont vu ça", a déclaré Rudy, élève de 3e qui a eu Mme Lassalle en cours l'année dernière. Il décrit une "prof très gentille", "à l'écoute", "droite dans ses bottes", dont "l'exceptionnel dévouement" avait été salué mercredi par le ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye, venu sur place. Beaucoup d'élèves ont été accompagnés par leurs parents jusqu'à l'entrée de l'établissement privé ou déposés en voiture sur le parking.

Des antidépresseurs chez le suspect

L'auteur présumé de l'agression, âgé de 16 ans, "n'était pas connu des services de police, ni des services de justice", selon le procureur de Bayonne Jérôme Bourrier, qui a ouvert une enquête pour "assassinat" et tiendra jeudi une conférence de presse (15h15). La garde à vue de l'agresseur a été prolongée jeudi, selon une source proche du dossier. Selon une autre source, des antidépresseurs ont été retrouvés chez lui et il a expliqué avoir été "en conflit intérieur avec un être malfaisant". Selon BFMTV, il a déclaré avoir entendu des voix lui disant que l'enseignante "incarnait le mal". L'état de santé mental du suspect a néanmoins été jugé compatible avec son placement en garde à vue.

"Il faut qu'il y ait des études qui soient faites et cela peut prendre un petit peu de temps (...) Ce qui est sûr c'est qu'il n'y a pas de mobile apparent qui ait pu être identifié", a temporisé jeudi sur France Inter le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

Le suspect était arrivé à la rentrée dans ce collège-lycée calme et prisé de Saint-Jean-de-Luz, après avoir réussi son brevet avec mention très bien, a confirmé le rectorat de Bordeaux. L'adolescent était un "très bon élève" de l'avis de ses camarades. L'année dernière, il était en troisième dans un collège public de la ville basque, selon une ancienne camarade de classe. Elle le décrit comme "un garçon timide", qui avait "deux ou trois amis mais pas beaucoup plus". "Parfois arrogant" ou "colérique", il n'aimait "pas trop se faire reprendre par les professeurs en classe".

D'après une lycéenne prénommée Inès, témoin de la scène, l'auteur présumé "s'est approché" de la professeure "et lui a planté un grand couteau dans la poitrine, sans rien dire". Selon elle, il "n'y avait jamais eu de problème" entre eux en classe.

«Symptôme de stress aigu»

Une cellule d'urgence médico-psychologique de dix personnes, en plus de la médecine scolaire, a été mise en place au collège-lycée pour prendre en charge les élèves qui en ressentiraient le besoin. "On intervient dans les classes pour dire qu'on est disponibles, il y a de la demande", a expliqué sa responsable, Elorri Amestoy, médecin aux urgences psychiatriques de l'hôpital de Bayonne. "On est dans la parole mais aussi dans prise en charge thérapeutique si besoin".

"On gère la frustration, la prostration, le surplus d'émotions mais surtout on est là pour prévenir, parce que les symptômes peuvent arriver les jours suivants", a-t-elle ajouté. "Quand on reprend une vie normale, c'est là qu'on peut réaliser : il peut y avoir des réminiscences, des bruits, des images, des cauchemars."

Ce drame a bouleversé la communauté éducative française, un peu plus de deux ans après l'assassinat de Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie décapité le 16 octobre 2020 par un jeune homme islamiste radicalisé. "La Nation est à vos côtés", a déclaré le président Emmanuel Macron aux enseignants sur Twitter.

Les agressions contre des professeurs sont fréquentes mais l'AFP a recensé moins d'une dizaine de meurtres sur les quatre dernières décennies.