Le lundi 22 juillet 2024 à 17:40 - MAJ mardi 23 juillet 2024 à 10:46
Mise à jour 23 juillet à 10h00 : Les deux suspects ont été mis en examen ce lundi, indique le parquet de Nice ce mardi matin. Le plus âgé, interpellé vendredi, a été placé en détention provisoire. Le second a demandé un délai pour préparer sa défense. Un débat se tiendra devant le Juge des libertés et de la détention (JLD) ce jeudi après-midi. En l'attente, il a lui aussi été écroué.
Une information judiciaire a été ouverte des chefs de destruction du bien d'autrui par moyen dangereux pour les personnes ayant entraîné la mort, destruction en bande organisée du bien d'autrui par un moyen dangereux pour les personnes et ayant entraîné une incapacité supérieure à 8 jours, participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime, et participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un délit puni de 10 ans d'emprisonnement.
Article initial : Deux des incendiaires présumés de l'immeuble du quartier des Moulins à Nice (Alpes-Maritimes) sont déférés ce lundi en vue de leur mise en examen, a annoncé le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli, dans une conférence de presse ce lundi après-midi. Leur placement en détention provisoire a été requis. Cet incendie criminel, survenu dans la nuit de mercredi à jeudi, a coûté la vie à sept personnes dont trois enfants et un adolescent.
Le premier suspect de 25 ans a été placé en garde à vue vendredi après-midi peu avant 16 heures, après s'être rendu aux policiers, par l'intermédiaire de son avocat, a détaillé le procureur. Lors de ses auditions, le jeune homme a expliqué qu'en raison du lourd bilan humain, il avait souhaité "informer les policiers". Ayant un emploi dans les Alpes-Maritimes et étant déjà connu des services de police pour des faits mineurs, il a reconnu "après quatre auditions" qu'il conduisait "à la demande d'un ami" la Renault Clio avec laquelle sont arrivés les auteurs de l'incendie, et qu'il n'était "ni informé ni associé" aux faits criminels. Le magistrat a précisé que "différents éléments" ont permis "en revanche, une implication beaucoup plus forte que celle reconnue" par le mis en cause, suite au "travail important" des enquêteurs de la police judiciaire.
Le second suspect a reconnu son implication
Le second suspect de 21 ans, domicilié habituellement dans le Val-d'Oise, qui a été interpellé à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) dimanche après-midi par les policiers de la Brigade de recherches et d'intervention nationale (BRI-Nat) a quant à lui "mis en avant son droit au silence" mais a reconnu "être impliqué sans souhaiter s'expliquer". Il est lui aussi déjà connu des services de police pour des faits mineurs et avait des bandages aux jambes au moment de son interpellation, des blessures qui correspondent "à des brûlures récentes", a indiqué le magistrat. Selon nos informations, le jeune homme de 21 ans est soupçonné d'avoir préparé un départ vers l'Espagne lorsqu'il a été arrêté dimanche.
Trois autres suspects sont "activement recherchés" dans ce dossier, a également précisé Damien Martinelli. L'un âgé de 23 ans domicilié dans les Alpes-Maritimes, un quatrième de 18 ans originaire du Val-d'Oise, et un cinquième de 17 ans qui vit en Seine-Saint-Denis.
Incendie de Nice: "À cette heure, trois individus sont très activement recherchés", indique le procureur de la République pic.twitter.com/rIYNM8Lrnl
— BFMTV (@BFMTV) July 22, 2024
Un lien avec le trafic de drogue et un point de deal
La piste d'un acte en lien avec le trafic de stupéfiants "se confirme", a souligné le procureur. L'incendie est "susceptible d'être en lien avec le contrôle d'un point de vente [de drogue] situé à proximité du lieu de l'incendie". Les victimes "ne sont pas du tout concernées par ce trafic ni par ce conflit".
Incendie de Nice: "La piste de faits intervenant dans le cadre d'un conflit sur fond de trafic de stupéfiants se confirme (...) Les victimes des faits ne sont en aucune manière, directement ou indirectement, concernées par ce conflit", détaille le procureur de la République pic.twitter.com/u6P42pAz5g
— BFMTV (@BFMTV) July 22, 2024
Trois départs de feu à trois étages différents
Concernant les faits, les investigations des enquêteurs ont permis de déterminer que cinq suspects se trouvaient dans la Renault Clio 5 noire des auteurs. Ces derniers sont passés plusieurs fois devant l'immeuble la nuit du drame. Trois d'entre eux ont pénétré dans le bâtiment après avoir brisé la porte vitrée, à 02h25. Une scène filmée par les vidéoprotection de la ville. Trois départs de feu ont été relevés à trois étages différents. Les enquêteurs ont également découvert des traces de produits accélérant "en quantité significative". Un effet "cheminée" a ensuite provoqué une propagation rapide des flammes, bloquant les victimes au 5e étage. L'intervention des sapeurs-pompiers "dans un contexte difficile et dangereux", a permis de sauver des vies. "Sans leur intervention, le bilan aurait été beaucoup plus lourd", a insisté le procureur.
De leur côté, les enquêteurs ont réalisé un important travail d'investigation technique, qui leur a permis d'identifier plusieurs téléphones appartenant aux suspects. Des prélèvements ADN et de traces papillaires ont également été réalisés.
Incendie de Nice: le procureur annonce ouvrir une information judiciaire pic.twitter.com/0w6G1l4VnU
— BFMTV (@BFMTV) July 22, 2024
Une information judiciaire a été ouverte. Les suspects encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Le procureur de la République a également souligné que les enquêteurs vont chercher à identifier d'éventuels "donneurs d'ordres" durant la suite de l'enquête.