Le vendredi 7 avril 2023 à 19:32
Les policiers de la BRAV-M, enregistrés à leur insu tenant des propos menaçants et humiliants envers des manifestants lors d'une manifestation non autorisée contre la réforme des retraites à Paris, ont évoqué dans leurs rapports internes la "fatigue physique et morale" pour expliquer leur comportement selon des informations de l'AFP, qui a eu accès aux rapports de sept agents impliqués dans cet incident, survenu dans la nuit du 20 au 21 mars dernier.
Ces documents ont été rédigés entre le 25 et le 31 mars, après la publication de l'enregistrement audio par Le Monde et Loopsider, et adressés au commandant divisionnaire, responsable de la 21e compagnie d'intervention (CI) dont sont issus les fonctionnaires concernés.
Un brigadier rapporte que la "fatigue physique et morale était à son seuil le plus élevé, nous contraignant à agir bien au-delà de nos capacités" lors de cette intervention. Il mentionne des "vacations de 14 heures, voire 16 heures", durant lesquelles il était difficile de s'hydrater et se nourrir. De plus, il ajoute que "certains d'entre nous, moi inclus, ont dû prendre des médicaments afin de bloquer leur transit intestinal car il était impossible d'accéder et d'avoir le temps de se rendre aux toilettes".
Une situation «pas traitée avec le professionnalisme habituel»
Un gardien de la paix admet que "tout ça a pu jouer dans cette situation que je n'ai pas traitée avec le professionnalisme habituel". La plupart des agents affirment également avoir réagi face aux "provocations" et à l'"arrogance" d'un étudiant tchadien, cible principale des policiers dans l'enregistrement.
Ils mentionnent aussi le "comportement très agité" et "virulent" d'une jeune femme faisant partie du groupe interpellé. Ces deux jeunes, âgés de 22 et 23 ans, ont déposé plainte contre les policiers. La plainte du jeune homme, qui affirme qu'un policier l'a "attrapé par le sexe" et insulté en lui disant "t'as même pas de couilles", vise également des faits d'agression sexuelle et des infractions à caractère raciste.
Suite à ces révélations, les policiers impliqués ont été écartés de la voie publique et ne sont plus autorisés à intervenir lors de manifestations, bien qu'ils n'aient pas été suspendus. Deux enquêtes, l'une administrative et l'autre judiciaire, ont été ouvertes et confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).