Meurtre d'un agent du fisc : un hommage rendu mercredi à la victime

L'inspecteur tué est décrit par ses collègues comme une "figure rassurante, solidaire, un vrai chef d'équipe", a déclaré le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal. La collègue de la victime a assisté au meurtre et a été ligotée. Elle est sous le choc.
Meurtre d'un agent du fisc : un hommage rendu mercredi à la victime
Des gendarmes enquêtent à Bullecourt, dans le Pas-de-Calais, le 22 novembre 2022, après le meurtre d'un agent du fisc. (AFP)
Par Actu17 avec AFP
Le mardi 22 novembre 2022 à 14:47

"La République pleure l'un des siens" : le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, a annoncé qu'un hommage serait rendu mercredi à l'agent du fisc tué lundi lors d'un contrôle chez un brocanteur, un drame qui a provoqué une vive émotion chez les syndicats et les autorités.

"Nous avons le cœur brisé" et "le cœur révolté", "il est révoltant qu'un serviteur de l’État, de la République, des Français puisse être (...) tué parce qu'il fait son travail", a déclaré M. Attal, après s'être entretenu plus d'une heure avec les collègues de la victime aux services fiscaux d'Arras. "La République pleure l'un des siens", a-t-il insisté, précisant qu'un hommage aurait lieu mercredi à midi dans l'ensemble des Directions départementales des finances publiques (DDFIP) de France.

Le brocanteur, 46 ans, qui avait séquestré la victime et une collègue, se serait ensuite donné la mort par arme à feu, a indiqué le parquet d'Arras lundi soir, sans s'étendre sur ses possibles motivations. L'accès à son domicile, dans un corps de ferme décati en briques rouges du village de Bullecourt (Pas-de-Calais), était bloqué mardi par les gendarmes, qui allaient et venaient dans la cour, a constaté une journaliste de l'AFP. La victime, un inspecteur principal des finances publiques de 43 ans, a été retrouvée morte, "probablement à la suite de coups de couteau", selon le parquet.

«Vrai chef d'équipe»

Ce fonctionnaire s'était rendu lundi aux alentours de 15h00 au domicile de l'entrepreneur en compagnie d'une inspectrice "pour effectuer une vérification de la comptabilité", et tous deux auraient alors été séquestrés et ligotés par le brocanteur, a-t-il ajouté. "Très choquée", mais pas blessée, l'inspectrice a été prise en charge par les secours, a précisé le parquet. Cette dernière "a assisté au meurtre de son collègue", a affirmé Gabriel Attal.

Selon le ministre, l'inspecteur décédé est décrit par ses collègues comme une "figure rassurante, solidaire, un vrai chef d'équipe". Le procureur de la République d'Arras doit tenir une conférence de presse à 16h15.

Selon Bercy, la victime était présente aux côtés de sa collègue pour des raisons de sécurité, les déplacements en binôme n'ayant lieu qu'en cas de risque ou sur les dossiers complexes. M. Attal a évoqué "des contrôles précédents" de ce brocanteur, au cours desquels "des situations de tension avaient pu exister".

«Une personne lambda»

Selon une source proche de l'enquête, le brocanteur avait été impliqué dans une affaire de violences sur mineur en 2010, sans que l'on connaisse les suites judiciaires le concernant. La section de recherche de la gendarmerie des Hauts-de-France a été saisie dans le cadre d'une enquête de flagrance pour assassinat.

"Ce drame vient amèrement rappeler à tous que les agents des finances publiques, en particulier nomades, exercent des missions potentiellement dangereuses", a réagi mardi FO-DGFiP dans un communiqué, appelant à "tirer les leçons de cette tragédie pour renforcer concrètement la protection des personnels". "Il est regrettable d’entendre, parfois au plus haut niveau de la représentation politique, des expressions jetant l’opprobre sur les agents en charge d’une mission difficile", a renchéri Solidaires Finances publiques.

Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a estimé sur CNews que le brocanteur avait "commis un acte le plus terrible qui soit". "Je partage l’émotion de Bruno Le Maire et Gabriel Attal après le décès d’un agent de la @dgfip_officiel dans le cadre de sa mission", a tweeté le ministre de l'Intérieur, Gerald Darmanin.

Cet homme, divorcé et père de deux enfants, "était arrivé dans le village il y a quatre ans", a affirmé à l'AFP Éric Bianchin, maire de cette bourgade de 250 habitants située au sud d'Arras.

"Il avait acheté une ferme rue de Quéant, où il faisait des ventes chez lui. Il vidait les maisons, les vide-greniers et revendait chez lui", a-t-il ajouté, décrivant "une personne lambda", "serviable" et "intégrée" dans le village. Geoffrey Fournier, délégué départemental Reconquête, qui habite la rue, évoque un homme "discret, qui avait l'air de bosser pas mal. Il débarrassait des maisons, ça avait l'air de tourner".