Le mardi 27 décembre 2022 à 19:40
Après une fuite d'une douzaine de jours, un homme soupçonné d'avoir percuté mortellement un adolescent à Montpellier lors des célébrations en marge du Mondial de football a été interpellé mardi, mis en examen et écroué, la famille de la victime exprimant "son soulagement".
Interpellé vers 06h00 du matin près de Perpignan, cet homme de 20 ans a été "mis en examen des chefs de violences volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner" et placé en détention provisoire, a précisé en fin de journée le procureur de la République de Montpellier, Fabrice Bélargent.
Le chauffard avait pris la fuite dans la nuit du 15 décembre après avoir percuté en voiture Aymen, âgé de 14 ans, dans le quartier défavorisé de la Paillade, dans le nord-ouest de Montpellier. Il avait été rapidement identifié et était activement recherché. Selon les premiers éléments de l'enquête, le conducteur serait sorti "violemment" de sa file de véhicules à la suite de la prise d'un drapeau français qui était tenu à la fenêtre de sa voiture, lors des célébrations après la victoire de la France contre le Maroc en demi-finale. C'est à ce moment-là qu'il aurait heurté l'adolescent, qui est mort peu après sa prise en charge médicale.
«Aucune déclaration»
Le jeune homme écroué a été mis en examen pour un deuxième chef de "violences volontaires avec arme ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à huit jours", a aussi indiqué le procureur, qui n'a pas précisé combien de personnes ont été blessées par son véhicule le soir du match.
Selon M. Bélargent, le mis en examen "n'a fait aucune déclaration dans le cadre de son interrogatoire de première comparution". Il a déjà fait l’objet de poursuites en 2021 pour des faits de défaut de permis de conduire et défaut d'assurance. Sollicité par l'AFP, son avocat, Me Jean-Baptiste Mousset, a dit ne "pas souhaiter faire de commentaires sur les chefs de mise en examen".
Pour la famille d'Aymen, "c'est un grand soulagement". "Nous savons maintenant qu'il est arrêté et que justice sera faite, qu'il sera puni, qu'il écopera, je l'espère, d'une peine à la hauteur de ce qu'il a commis", a réagi auprès de l'AFP son frère aîné, Saïd Rabhi. "Il n'est pas question de vengeance, simplement que justice soit faite, même si ce n'est pas en l'arrêtant que ça va nous ramener notre petit", a ajouté Saïd, qui gère le snack à proximité duquel son frère a été tué. "Aymen sortait du snack où il avait regardé le match lorsqu'il a été percuté et écrasé. Il ne faisait pas partie du groupe ayant entouré le véhicule", a affirmé mardi l'avocat de la famille, Me Marc Gallix.
Mondial endeuillé
Ce décès avait suscité une grande émotion localement et endeuillé ce Mondial où les célébrations s'étaient multipliées un peu partout en France jusqu'à la défaite des Bleus en finale face à l’Argentine.
De brèves échauffourées avaient également éclaté au lendemain du drame dans deux quartiers défavorisés de Montpellier. Le préfet avait alors appelé au "calme" et à l'"apaisement" et dénoncé au passage les "contre-vérités et fausses informations (qui) circulent sur les réseaux sociaux, contribuant à exciter les esprits". La famille de l'adolescent en avait fait de même, exprimant sa "confiance dans les institutions de la République, police, justice".
Mardi dernier, un millier de personnes avaient défilé à Montpellier, roses blanches à la main, pour rendre un dernier hommage à l'adolescent. Devant le centre funéraire, son frère aîné avait appelé une fois de plus à "l'apaisement", à "la prière" et au "recueillement". "Il faut beaucoup de patience", a-t-il ajouté, avant que le cercueil du jeune homme, recouvert d'un drap mortuaire vert, soit porté en terre dans le carré musulman du cimetière.
Aymen était un "enfant solaire, adorable, plein d'énergie, de joie et de bonne humeur", avait décrit son professeur d'histoire-géographie.