Le lundi 18 septembre 2023 à 14:56 - MAJ lundi 18 septembre 2023 à 15:19
Un policier a été roué de coups par un groupe d'individus à Stains (Seine-Saint-Denis) dans la cité du Clos-Saint-Lazare, ce samedi soir, au cours d'une intervention pour un refus d'obtempérer. Les cinq suspects, qui ont été interpellés peu après les faits et placés en garde à vue, ont été remis en liberté ce dimanche "pour permettre la poursuite des investigations dans le cadre d’une enquête en flagrance", indique le parquet de Bobigny, confirmant une information de BFMTV.
Les policiers de la sûreté territoriale (ST) ont été chargés de l'enquête, ouverte pour "refus d'obtempérer" et "violences volontaires en réunion sur personne dépositaire de l'autorité publique".
Cinq tirs en l'air
Cette agression particulièrement violente s'est déroulée vers 20 heures, alors qu'un équipage de la brigade territoriale de contact (BTC) Nord venait d'ordonner à un homme à scooter de s'arrêter pour un contrôle. Ce dernier a accéléré puis a abandonné son deux-roues au niveau de la station-service Total, sur l'avenue de Stalingrad. L'un des policiers s'est lancé à sa poursuite mais s'est retrouvé encerclé par une vingtaine d'individus qui l'ont littéralement tabassé, alors même qu'il était tombé au sol sous les coups. L'un de ses collègues est arrivé et a été contraint de tirer cinq fois en l'air pour mettre fin à l'agression et faire reculer les auteurs. Les cinq suspects ont été interpellés peu après.
À l'hôpital, le policier blessé s'est notamment fait poser huit points de suture sous un œil. Il souffre aussi d'une fracture au nez et présente de nombreux hématomes sur le corps.
«C'est à se demander où est la justice, peut-être à la fête de l'Humanité»
"Nous sommes tous très surpris de la décision du parquet de remettre les cinq suspects en liberté", réagit Anissa Farri, déléguée du syndicat Alliance Police Nationale du deuxième district de la Seine-Saint-Denis. "Plusieurs éléments de l'enquête permettaient pourtant la prolongation de leur garde à vue. Nous n'avons même pas la certitude d'avoir la bonne domiciliation des mis en cause. Ça prendra peut-être des mois maintenant pour les retrouver, si l'enquête l'exige", poursuit la représentante. "Notre collègue s'est vu attribuer 7 jours d'ITT (incapacité totale de travail, ndlr) pour un nez cassé, 8 points de suture sous l'œil, de multiples ecchymoses et hématomes. Les mis en cause sont déjà libres. C'est à se demander où est la justice, peut-être à la fête de l'Humanité".
"Il ne faut pas oublier que notre collègue a reçu une rafale de coups pendant près d'une minute 30, alors qu'il était tombé au sol", souligne Anissa Farri. "Il a été frappé en plein visage, à coups de pied et de poing. Il était quasiment KO. Un second collègue a dû tirer cinq fois en l'air pour mettre fin au lynchage. Lors de son premier tir, l'un des agresseurs lui a lancé 'vas-y tire, tu vas faire quoi avec ton arme ?'. C'est dire la détermination de ces individus qui n'ont plus peur de rien, ni personne. Ce n'est pas la première fois que des policiers sont agressés et blessés dans ce quartier. A force de ne pas renforcer les effectifs, les voyous se croient tout permis".