Le vendredi 9 juillet 2021 à 22:34
ENTRETIEN - Affecté dans le département des Hauts-de-Seine, le policier Abdoulaye Kanté, 42 ans, est aussi très présent sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter où il est suivi par plus de 41 000 personnes. Passé par la police-secours dans le XIe arrondissement de Paris, puis par la brigade anticriminalité (BAC) du XVIIIe, la brigade des stups, et le service départemental de police judiciaire de Seine-Saint-Denis (SDPJ 93), il intervient aussi régulièrement sur les plateaux de télévision. Abdoulaye Kanté ne fait parti d'aucun syndicat ni parti politique, et défend une "police républicaine", dont il est devenu l'une des figures. Nous l'avons interrogé à l'occasion de la première journée de la police nationale, ce vendredi.
Abdoulaye Kanté :Cette initiative personnelle avait un but collectif. Par ce hashtag, j’ai voulu impulser une sorte de communion entre la police et la population. Avoir une pensée pour tous ces collègues qui sont tombés en faisant leur travail. En ces temps difficiles pour tous, à cause des crises sociales et sanitaires, je me suis dis pourquoi ne pas essayer via les réseaux sociaux une initiative citoyenne envers cette police du quotidien et surtout républicaine.
Le [#09juillet] est la #journéedelaPoliceNationale. C'est l'occasion de témoigner encore plus votre soutien à ces femmes et ces hommes qui assurent votre sécurité au quotidien.
J'aimerai avec votre soutien lancer le hashtag #EnsembleaveclaPoliceNationale.👮🏿♀️👮🏻♀️👮♂️👮🏿👮🏼♀️👮🏻♂️🇨🇵#Protéger— Abdoulaye Kanté (@AbdoulayeK3) July 6, 2021
Une récente étude du CEVIPOF a montré que la cote de confiance des Français envers la police atteignait 73%. Toutefois, elle n'est que de 55% chez les 18-24 ans. Comment expliquer cette différence et comment la police pourrait y remédier selon vous ?
Cette étude montre que la confiance de la population est
toujours bonne malgré les difficultés rencontrées par notre
institution. Concernant le regard et le ressenti des jeunes de
18-24 ans, je pense qu'il faut faire preuve de pédagogie encore et
encore. Il y a des craintes car il n'y a pas assez d'échanges avec
cette partie de la population. Les jeunes ont une vision parfois
biaisée du métier du policier car ils ne s'informent qu'en grande
partie sur les réseaux sociaux... qui ne reflètent pas forcément la
réalité. Le dialogue est nécessaire afin de casser ces crispations
et par ailleurs, l'administration police doit expliquer ces actions
pour être mieux comprise.
Tout ne peut passer par le répressif selon moi, et la notion de
respect de l'uniforme est importante. Des dispositifs comme
Prox Raid aventure fondé par l'ancien
policier Bruno Pomart existent, mais aussi d’autres associations
qui font du bon boulot. Moi-même je pars au contact de jeunes dans
des collèges, lycées ou établissements spécialisés. Je crois qu'il
faut aller encore plus loin pour ne pas créer de fossés
supplémentaires.
"On a accusé injustement ces policiers de contrôle au faciès et de ne pas avoir reconnu ce basketteur"
Malgré cette bonne cote de confiance de la population,
la police est souvent visée par des accusations diverses, notamment
de racisme ou de bavures. Ce jeudi, des policiers ont été pointés
du doigt sur les réseaux sociaux pour avoir contrôlé et interpellé le rappeur américain Lil
Baby, qui était avec le basketteur James Harden. L'artiste a
écopé d'une ordonnance pénale pour "transport de produits
stupéfiants". Comment expliquer ce phénomène de mise en cause
systématique décrit par de très nombreux policiers
?
"Un métier passionnant qui donne des émotions et surtout qui permet de se sentir utile envers les autres"
Vous êtes policier depuis une vingtaine d'années en banlieue parisienne. Que diriez-vous à un jeune qui veut entrer dans la police en 2021 ?