Le samedi 6 juillet 2019 à 16:45
Une main-courante, plutôt compromettante, aurait resurgi quand les juges d'instruction se sont penchés sur la demande de permis de port d'arme d'Alexandre Benalla.
Les investigations ont permis aux enquêteurs de déterminer que, plus d’un an et demi avant l’épisode de la place de la Contrescarpe, Alexandre Benalla s’était fait passer pour un policier lors d’une intervention chez lui.
Cette nuit du 21 septembre 2016 - soit huit mois avant sa nomination au cabinet de l'Elysée - un équipage de quatre policiers était intervenu à son domicile, pour des cris et des violences présumées.
Ses voisins appellent la police
C’est grâce à une main-courante enregistrée par les policiers intervenants que l’affaire a été exhumée, révèle Le Monde. Alexandre Benalla habitait avec sa compagne Myriam B. dans un appartement situé à Issy-les-Moulineaux dans les Hauts-de-Seine. Ses voisins avaient alerté Police-Secours après y avoir entendu des cris et du grabuge, il était alors 5 heures du matin lorsque l’équipage est arrivé sur place.
« Sommes requis pour nous rendre à l'adresse précitée pour une jeune femme qui serait séquestrée à domicile, que son conjoint serait violent et qu'il la maintiendrait de force à domicile » mentionne l’écrit d’un policier intervenant. Là, le récit souligne que l’habitant n’a pas voulu ouvrir aux agents, malgré qu’ils ont sonné puis tambouriné à sa porte « d’un modèle épais et blindé, impossible à forcer ».
Il sort une carte tricolore et se fait passer pour un policier
Après quelques minutes, Alexandre Benalla avait fini par ouvrir sa porte. Adoptant un « comportement agressif », il avait refusé catégoriquement de laisser entrer les fonctionnaires chez lui.
L’homme, alors inconnu des policiers, leur avait affirmé être fonctionnaire de police tout en brandissant furtivement « une carte professionnelle comportant une ligne tricolore bleu-blanc-rouge », indique le sous-brigadier dans la main-courante.
Ce dernier avait bien vu qu’il ne s’agissait pas d’une carte professionnelle de policier. Il n’avait toutefois pas eu le temps de lire les mentions qui y étaient apposées. Voyant sans doute que le subterfuge n’avait pas fonctionné, Alexandre Benalla avait ensuite affirmé être un ancien policier et le chauffeur de Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur.
Des menaces de sanctions administratives
Selon la mention enregistrée dans la main-courante informatisée, Alexandre Benalla n’avait pas hésité à menacer l’équipage de sanctions. L’homme leur avait prédit qu’ils seraient renvoyés après avoir contacté « le directeur de cabinet du Premier ministre », Manuel Valls.
L’un des policiers l’avait alors invité à joindre le geste à la parole, mais Alexandre Benalla ne s’était pas exécuté. L’équipage avait quitté les lieux en prévoyant de le convoquer ultérieurement au commissariat.
Seconde intervention le lendemain
Police-Secours avait reçu un second appel dès le lendemain, pour intervenir au même endroit. D’autres policiers avaient pu pénétrer dans l’appartement cette fois, constatant « qu'un grand nombre d'objets [jonchait] le sol de manière désordonnée ». Des indices « laissant penser qu'une dispute [avait] eu lieu », avaient-ils inscrit dans une autre main-courante.
Aucune enquête n’a eu lieu et Alexandre Benalla n’a jamais été convoqué, malgré le souhait émis par le premier équipage intervenant.