Attentat à Nice : une femme présentait «un égorgement très profond de l'ordre d'une décapitation»

Le procureur de la République antiterroriste Jean-François Ricard a tenu une conférence de presse ce jeudi soir, afin de donner quelques éléments de l'enquête sur l'attentat de la Basilique de Nice (Alpes-Maritimes), qui a eu lieu ce jeudi matin.
Attentat à Nice : une femme présentait «un égorgement très profond de l'ordre d'une décapitation»
Le procureur de la République antiterroriste Jean-François Ricard.
Par Actu17
Le jeudi 29 octobre 2020 à 21:39 - MAJ jeudi 29 octobre 2020 à 22:26

"Il s'agit d'une enquête particulièrement complexe", a d'abord prévenu le procureur, précisant qu'il n'évoquerait pas les points pouvant gêner les investigations qui sont toujours en cours. "Cet attentat est le troisième commis depuis le 25 septembre dernier, jour de l'attaque commise devant les locaux de Charlie Hebdo", a rappelé Jean-François Ricard.

« S'agissant des faits, en l'état des premières investigations les points suivants peuvent être évoqués. A 6h47, l'auteur des faits est vu entrer dans la gare de Nice, il opère des changements vestimentaires", a détaillé le magistrat. L'assaillant a changé de chaussures et a retourné sa doudoune.

Le terroriste est resté environ une demi-heure dans l'église

"Il en sortira à 8h13. Il a parcouru environ 400 mètres pour arriver à la basilique et y restera un peu moins d'une demi heure. A 8h54, une femme s'est enfuie sur le côté gauche de la basilique. A 8h57 après avoir été requis par un particulier, une équipe de fonctionnaires de la police municipale est intervenue", a-t-il expliqué. Les quatre policiers "sont entrés sur le côté de la basilique, par là où la victime s'était enfuie" et sont arrivés dans un couloir.

L'assaillant s'est alors "avancé vers eux de manière menaçante, en hurlant 'Allah Akbar'". Les forces de l'ordre ont d'abord tenté de le neutraliser avec un pistolet à impulsion électrique, en vain. Les policiers ont ouvert le feu, blessant grièvement le terroriste. 14 étuis ont été retrouvés au sol a précisé Jean-François Ricard, saluant le "courage" et la "détermination" des fonctionnaires, qui ont pu éviter un "bilan plus dramatique".

Une vidéo amateur montrant l'intervention des policiers municipaux a été diffusée sur les réseaux sociaux.

Le tueur a utilisé un couteau de 30 cm

Deux victimes ont été retrouvées mortes dans la Basilique. D'abord une femme âgée de 60 ans qui se trouvait "à l'entrée de l'édifice", qui présentait "un égorgement très profond de l'ordre d'une décapitation". Un homme de 55 ans, le sacristain, présentait lui aussi une importante plaie à la gorge. La femme âgée de 44 ans qui était parvenue à prendre la fuite est décédée des suites de ses blessures, elle présentait de nombreuses plaies à l'arme blanche.

Les enquêteurs ont retrouvé un coran et deux téléphones sur l'assaillant. L'arme du crime a été retrouvée, il s'agit d'« un couteau de 30 centimètres d'une lame de 17 centimètres ». Un sac contenant les effets personnels du terroriste a été découvert. A côté se trouvaient deux autres couteaux.

Jean-François Ricard a ensuite expliqué que, face au mode opératoire et aux blessures infligées aux victimes, le parquet national antiterroriste (PNAT) s'est saisi de l'enquête. Celle-ci a été ouverte pour « assassinat et tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». La direction antiterroriste de la police judiciaire est le "service coordonnateur" de cette enquête et travaille en lien avec les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

L'assaillant identifié

L'identité de l'assaillant a été confirmée. Elle se trouvait sur "un document sous forme d'un papier de la croix rouge italienne, au nom d'un ressortissant tunisien né en 1999", qui a été retrouvé sur le tueur. L'homme est arrivé sur l'île italienne de Lampedusa le 20 septembre dernier, avant d'arriver à Bari (Italie), le 9 octobre. Le magistrat n'a pas précisé la date exacte de son arrivée en France.

Le terroriste est toujours à l'hôpital ce jeudi soir, où il a été opéré. Son pronostic vital est toujours engagé. "Il n’est pas connu des services de renseignement, ni d’ailleurs des services de police".

Le procureur de la République antiterroriste a ensuite lancé un avertissement aux médias "qui disposent de l'identité du mis en cause". "L'enquête commence, de nombreux points restent à vérifier. Et, dans ces conditions, la diffusion de l'identité du mis en cause, qui a déjà été faite cet après-midi, me paraît incompatible avec la préservation des investigations qui doivent se concentrer sur cet individu et sur son parcours", a-t-il insisté.