Le lundi 7 décembre 2020 à 18:02
Comme à Paris, la manifestation contre la loi "sécurité globale" a dégénéré à Nantes ce samedi. Les forces de l'ordre ont été prises pour cible à de multiples reprises et ces dernières ont fait usage de moyens lacrymogènes. Ce qui n'a pas empêché une centaine de black blocs de semer le chaos.
3000 personnes ont défilé dans les rues de Nantes entre 13 heures et 19h30. Les policiers ont été la cible de tirs de mortiers d'artifice et de nombreux projectiles durant le parcours. Des fonctionnaires de la Compagnie départementale d'intervention (CDI) s'étaient implantés devant le tribunal judiciaire pour empêcher les casseurs d'y pénétrer. Vers 17 heures, ils ont à leur tour été attaqués et les agresseurs ont utilisé des cocktails Molotov contre eux, en plus des divers projectiles.
Brûlé sur une partie du visage
L'un des engins incendiaires a embrasé le casque d'un des policiers de la CDI. Il l'a rapidement enlevé pour écarter le danger mais a été sérieusement brûlé à une oreille notamment, ainsi qu'à la main gauche. Le masque anti-gaz qu'il portait au moment du drame a empêché le liquide inflammable de couler sur la totalité de son visage et ainsi éviter des blessures encore plus graves.
Dans le même temps, l'un des ses collègues a lui aussi été touché au niveau du dos. Sa tenue et son gilet pare-balle ont pris feu comme le montre une terrible photo diffusée sur les réseaux sociaux, que nous avons mis en Une de cette article. Sur la vidéo d'un journaliste présent au moment des faits, il est également possible d’apercevoir le fonctionnaire en feu. La victime a mis quelques secondes pour comprendre ce qu'il se passait, puis a vu la flamme dans son dos grâce au reflet de son bouclier confie une source proche de l'enquête. Il s'est rapidement jeté au sol pour éteindre le feu, aidé par ses collègues. Ces derniers sont tous très choqués. Par miracle, ce second policier n'a été que légèrement blessé.
Tirs de lacrymogenes alors que la police fait evacuer l'ile de #Nantes alors que la #MarcheDesLibertés prend fin, 2 policiers au sol apres l'explosion d'un cocktail molotov à leurs pieds #StopLoiSecuriteGlobale #PPLSecuriteGlobale #PPLLoiSecuriteGlobale pic.twitter.com/uNv9Rv3ofM
— TheoPrn (@Theop_rn) December 5, 2020
Un second cocktail Molotov a été lancé sur les forces de l'ordre. Il a explosé à proximité d'un autre policier qui a chuté et a perdu connaissance brièvement. Les trois policiers blessés ont été pris en charge par les sapeurs-pompiers peu après et ont été transportés à l'hôpital.
"La douleur n'est rien par rapport aux images qui me hantent depuis des heures"
Le fonctionnaire touché au visage a été brûlé au premier degrés à la main et au second degrés à l'oreille. Son Incapacité totale de travail (ITT) n'est pas encore connue. Ce dernier, qui s'appelle Stéphane, est sous le choc et s'est exprimé dans un message publié ce dimanche par le syndicat Alliance Police Nationale du département : "J'ai vu ma vie défiler pendant plus de 25 secondes, étant en proie aux flammes et à cette essence recouvrant mon visage, ma main et mon torse". "La douleur n'est rien par rapport aux images qui me hantent depuis des heures", confie le policier. "Je ne demande pas de pitié ou quoi que ce soit d'autre. Je demande juste à ce que vous preniez soin de vous, de vos proches et que vous preniez du recul sur cette boite [la police] qui est prête à nous enterrer sans compassion". "A présent je sais ce qu'est le prix d une vie...", conclut la victime, dont l'émotion est encore vive.
Le deuxième policier de la CDI est, comme son collègue, particulièrement choqué. Le fonctionnaire blessé par le second jet de cocktail Molotov souffre d'un léger traumatisme au thorax et s'est vu délivrer un arrêt de travail de plusieurs jours. Son ITT va être déterminée.
16 personnes ont été interpellées au cours des violences qui ont émaillé cette manifestation. Au total en France, il y a eu 95 interpellations et 67 policiers et gendarmes blessés selon le ministère de l'Intérieur. 52 350 manifestants ont été recensés dans le pays a aussi précisé la place Beauvau.
Au cours du week-end, quelques milliers de policiers "en colère" se sont organisés pour exprimer leur ras-le-bol. Des contrôles "préventifs" ont été mis en place en Île-de-France notamment.