Le vendredi 25 décembre 2020 à 18:16 - MAJ samedi 26 décembre 2020 à 00:19
L'ex-épouse de Frédérik Limol, l'homme qui a tué trois gendarmes par balle à Saint-Just, s'est exprimé auprès du Dauphiné et raconte le profil du père de son enfant, qu'elle craignait. "Beaucoup de gens savaient qu’il avait un problème. Ce ne sont pas les gendarmes qui ont failli", explique Carole* qui remercie les policiers de l'avoir mise en sécurité - elle, son mari et ses enfants - la nuit du drame, alors que le tueur était recherché. La mère de famille vit à Privas, en Ardèche.
L'avocat de Carole, Me Wisam Bayeh, raconte à nos confrères que Frédérik Limol a été "déchu de l’autorité parentale" lors du divorce, auquel il ne s'est pas présenté. Il avait tout de même le droit de venir voir son enfant, qui est aujourd'hui âgé de 7 ans, et se présentait parfois n'importe quand, avec sa compagne et ses parents, mais également avec un huissier, comme ce fut le cas le dimanche avant le drame précise Carole.
Elle avait déposé des plaintes pour menaces de mort à l'encontre de son ex-mari. "J’avais lancé des alertes, des dizaines ! Je savais qu’il était dangereux", souligne-t-elle. Les plaintes avaient été classées sans suite. Plusieurs de ces procédures datent de 2016 et 2017 selon nos informations.
"Je me sens coupable"
Carole décrit un basculement de son mari en 2012, alors qu'elle était enceinte de leur fils. Frédérik Limol qui a fait Maths Sup/Math Spé et a intégré ESTP (une grande école d'ingénieur, ndlr), s'est alors "inscrit à des stages de survie, a acheté des armes". "Quand j’ai accouché, il m’a donné une radio militaire, pour que l’on puisse communiquer en cas de fin du monde", se souvient la mère de famille, qui décrit des violences, affirmant qu'il a tenté de l'étrangler et qu'elle est parvenue à s'enfuir.
"J’ai alerté la police, la gendarmerie, l’aide sociale à l’enfance, j’ai même écrit à Marlène Schiappa", qui était à ce moment-là secrétaire d’État en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes. "Rien n’a été fait. On m’a dit à chaque fois qu’il allait certainement se calmer", déplore Carole. "En réalité, je croyais qu’il nous tuerait nous. Je ne pensais pas m’en sortir. Mais surtout, je ne pensais pas que des innocents allaient mourir".
"Je me sens coupable. Il y a cinq orphelins aujourd’hui, et si j’avais pu me faire entendre, on n’en serait pas là", conclut la mère de famille.
Un homme "très extrémiste" et passionné par les armes
Durant sa conférence de presse ce mercredi, le procureur de la République de Clermont-Ferrand, Eric Maillaud, a précisé que la nouvelle compagne du tueur, Sandrine S., n'avait a priori pas déposé de main courante ou de plainte à l'encontre de ce dernier. Le couple était licencié d'un club sportif situé à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône). Frédérik Limol est décrit comme un homme alcoolique ayant des accès de violences régulières selon de premiers témoignages, mais aussi comme une personne qui était "très extrémiste".
Il était devenu officier de réserve de l’armée de Terre en 1995 et était passionné par les armes. « Ce qui est sûr, c’est qu’il était parfaitement aguerri dans le maniement des armes », a précisé le magistrat.
Trois ont été tués, un quatrième blessé. L'homme a été retrouvé mort quelques heures plus tard, dans sa voiture. Il s'est très vraisemblablement suicidé.
*le prénom a été modifié