Le lundi 25 août 2025 à 20:26
Un jeune homme de 24 ans est décédé fin janvier après deux appels au SAMU du Mans (Sarthe) où son état n’a pas été jugé inquiétant. Sa famille, convaincue qu’il aurait pu être sauvé, a déposé une plainte pour homicide involontaire, raconte Ouest France.
Le 28 janvier, dans la soirée, Estéban Vermeersch appelle le Centre 15 du Mans. "J’ai l’impression que je respire à moitié. Comme si les poumons, je ne les remplis pas…", souffle l’artisan boulanger depuis la maison familiale de Mamers (Sarthe). Le médecin régulateur se veut rassurant : "Je ne suis vraiment pas inquiet", concluant à un simple problème musculaire. Il lui conseille de prendre un antalgique sans envisager un pneumothorax, pathologie pourtant fréquente chez les hommes jeunes et élancés comme Estéban. Il ne demande pas non plus à la mère de rappeler en cas d’aggravation.
La nuit suivante, l’état du jeune homme se dégrade. "Mon fils s’est mis à vomir. Je suis restée avec lui et avec l’idée que ce n’était rien, seulement musculaire. On fait confiance aux médecins", raconte Dorothée, sa mère, à nos confrères. Le lendemain, à 14h43, elle rappelle le SAMU après avoir constaté qu’il était "très pâle" et que ses lèvres étaient "légèrement violacées". Les secours lui répètent qu’elle peut venir à l’hôpital "si elle veut être rassurée".
«J’ai fini par dire à mon fils de partir»
Sous une pluie battante, elle tente de conduire son fils, amorphe, jusqu’à la voiture. "Il s’effondre tout à coup dans mes bras. Il était en arrêt, il ne respirait plus". Une voisine intervient et les pompiers prennent le relais. Le massage cardiaque dure cinquante minutes avant le transfert vers l’hôpital du Mans. "Toute la nuit, j’ai espéré. Jusqu’à ce qu’ils m’annoncent que si Estéban se réveillait, son cerveau était de toute façon trop abîmé par le manque d’oxygénation. J’ai fini par dire à mon fils de partir, que ça ne servait plus à rien de se battre". Estéban Vermeersch meurt le 30 janvier au matin.
Plusieurs experts médicaux ont été sollicités par l’avocat de la famille, Me Vincent Sehier. Tous concluent à une prise en charge non conforme aux données de la science.
"Nous savons aujourd’hui que si Estéban avait été pris en charge de manière conforme il serait auprès de sa famille à l’heure actuelle", affirme Me Sehier, interrogé par Ouest France. Une plainte pour homicide involontaire va être transmise au parquet du Mans.
"Ça n’aurait pas dû arriver. Ça ne doit plus arriver", insiste Dorothée, qui dénonce "une succession d’erreurs" ayant conduit à la mort de son fils.