Loire-Atlantique : Une femme séquestrée cinq ans dans un garage par sa colocataire et son compagnon

Une quadragénaire affirme avoir été retenue captive pendant cinq ans par sa colocataire et le compagnon de cette dernière, dans une maison de Saint-Molf (Loire-Atlantique). Elle raconte avoir réussi à s’enfuir le 14 octobre dernier avant que les gendarmes n’interpellent le couple, désormais mis en examen pour séquestration avec torture.
Loire-Atlantique : Une femme séquestrée cinq ans dans un garage par sa colocataire et son compagnon
Illustration. (Shutterstock)
Par Actu17
Le mercredi 22 octobre 2025 à 15:57

Une femme âgée de 45 ans affirme avoir été retenue prisonnière pendant cinq ans dans une maison de Saint-Molf (Loire-Atlantique), avant de parvenir à s'échapper le 14 octobre dernier. Deux personnes, une femme de 60 ans et un homme de 82 ans, ont été mises en examen pour "séquestration" avec "torture ou actes de barbarie", ainsi que pour "abus frauduleux de l'état de sujétion psychologique ou physique" et "abus de faiblesse d'une personne vulnérable".

Les faits se sont déroulés dans le hameau de Kerudal, au nord de Guérande. La victime, initialement colocataire de la mise en cause, a été retrouvée par des habitants du village vers 21h30, visiblement apeurée et en état d'hypothermie. Elle a immédiatement raconté aux gendarmes de Saint-Nazaire qu'elle vivait depuis plusieurs années sous la contrainte, d'abord dans une tente installée dans le jardin, puis dans le garage de la maison.

Selon le procureur de la République de Nantes, Antoine Leroy, "la victime dit avoir initialement occupé le logement en colocation avec la femme, puis avoir été mise dans une tente dans le jardin, avant d'être enfermée dans le garage à partir du moment où l'homme était venu vivre au domicile". La colocataire, aide-soignante à l'hôpital de Guérande, aurait progressivement pris le contrôle de la vie de la victime.

Elle raconte avoir «mangé de la bouillie mélangée à du liquide vaisselle»

Antoine Leroy précise que la victime a déclaré "vivre d'ordinaire dans le garage, dormir sur un transat, faire ses besoins naturels dans un pot et des sacs en plastique et manger de la bouillie mélangée à du liquide vaisselle". Le procureur précise également qu'"elle précisait avoir quelquefois pu sortir à l'extérieur, y passant parfois des journées entières, dans la pluie ou le froid ; enfin, elle précisait être victime de violences dans le garage. Dans des conditions d'insalubrité extrêmes".

Les gendarmes ont rapidement interpellé le couple soupçonné. Les investigations ont permis de confirmer les déclarations de la victime. Lors de la perquisition, les militaires ont découvert une porte de garage "bloquée depuis l'extérieur par des parpaings", ainsi que des éléments attestant de conditions de vie particulièrement dégradées.

Toujours selon Antoine Leroy, "les comptes bancaires faisaient état d'une rupture brutale dans son mode de vie, sans qu'aucun mouvement n'apparaisse depuis 2022, les derniers mouvements bancaires correspondant à des virements sur le compte de la mise en cause".

La victime amaigrie a expliqué avoir profité, le soir de son évasion, "de ce que l'homme regardait la télévision, pour sortir de l'enclos extérieur dans lequel elle était enfermée", a indiqué le procureur. Elle a alors couru jusqu'à une habitation voisine pour donner l'alerte. Hospitalisée après son sauvetage, la quadragénaire a été examinée par un médecin qui lui a prescrit trente jours d'incapacité totale de travail (ITT). Les gendarmes ont établi qu'elle avait perdu près de cinquante kilos durant sa captivité.

La femme a été écrouée, l'homme sous contrôle judiciaire

À l'issue de leur garde à vue, la sexagénaire et son compagnon ont été présentés à un juge d'instruction du pôle criminel de Nantes. Le procureur de la République a précisé que les faits poursuivis sont des "crimes de séquestration avec torture ou actes de barbarie commis d'avril 2022 au 14 octobre 2025", ainsi que des "délits d'abus frauduleux de l'état de sujétion psychologique ou physique d'une personne de 2019 au 14 octobre 2025 et du délit d'abus frauduleux de la faiblesse d'une personne vulnérable de 2018 au 16 octobre 2025".

Les mis en examen ont "globalement reconnu les faits mais les ont minimisés", a conclu Antoine Leroy. La femme a été écrouée, tandis que son compagnon a été placé sous contrôle judiciaire. L'enquête, confiée à la gendarmerie de Saint-Nazaire et au pôle criminel de Nantes, se poursuit pour déterminer l'ensemble des circonstances de cette séquestration.