Le mercredi 22 octobre 2025 à 13:09
Incarcéré ce mardi matin à la prison de la Santé à Paris (XIVe arrondissement), Nicolas Sarkozy a été placé sous protection permanente. L'ancien président de la République a écopé d'une peine de cinq ans de prison pour association de malfaiteurs, durant le procès du financement libyen présumé de sa campagne présidentielle de 2007. Il a fait appel de cette décision mais le tribunal de Paris a prononcé à son encontre un mandat de dépôt à effet différé, assorti de l'exécution provisoire, en raison de la "exceptionnelle gravité des faits".
Deux policiers du Service de la protection (SDLP) assurent la sécurité de l'ancien chef de l'État 24 heures sur 24, comme l'a révélé TF1 info. Les fonctionnaires logent dans une cellule voisine. "Il y a des menaces qui pèsent sur Nicolas Sarkozy en prison", a justifié le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, ce mercredi matin sur le plateau de CNews. L’ancien président bénéficie en temps normal "d’un dispositif de protection eu égard à son statut et aux menaces qui pèsent sur lui" et "ce dispositif a effectivement été maintenu en détention", a ajouté l'ancien préfet de police de Paris.
Le binôme de policiers - composé d'agents habituellement affectés à la protection de l'ancien chef de l'État - est relevé toutes les 12 heures, d'après une source policière. "Les deux agents sont armés et restent avec Nicolas Sarkozy durant tous ses déplacements dans le centre pénitentiaire", précise la même source. Ce dispositif exceptionnel a été mis en place dès l'arrivée de l'ancien président de la République dans le quartier d'isolement de la prison de la Santé, ce mardi matin. "L'information est restée secrète jusqu'au dernier moment au sein des agents du SDLP, qui l'ont découvert dans la presse", confie une seconde source policière.
Un rapport de l’Assemblée nationale sur le projet de loi de finances 2025 rappelle que "ces mesures de protection sont accordées sur décision du ministre de l’Intérieur en vertu d’une tradition républicaine non écrite qui prévoit la protection, sans limitation de durée, des anciens présidents de la République".
«C'est un bras d'honneur, un crachat, qui est fait au personnel pénitentiaire»
Cette protection spéciale de l'ancien président de la République a créé la stupéfaction des syndicats de surveillants pénitentiaires. "Nous n’étions pas au courant de la présence de ces 'gardes du corps', nous apprenons au fur et à mesure les conditions de détention", a réagi auprès de BFMTV, Hugo Vitry, agent pénitentiaire à la Santé et secrétaire local du syndicat Force ouvrière (FO) Justice. "Nous avons saisi la direction de l'administration pénitentiaire et le cabinet du ministre de la Justice pour réclamer des explications".
"C'est un bras d'honneur, un crachat, qui est fait au personnel pénitentiaire", a estimé Wilfried Fonck, secrétaire national UFAP UNSA Justice. "Si on envoie des gardes du corps à l'intérieur d'un établissement pénitentiaire pour assurer la sécurité d'un ancien président de la République, c'est que quelque part, nous, on ne sait pas faire".
"Serait-ce une marque de défiance vis-à-vis des agents pénitentiaires laissant penser qu'ils seraient incapables d'assurer la sécurité d'un détenu ?", s'interroge également le syndicat CGT pénitentiaire dans un communiqué. "Est-ce la crainte de violences gratuites, fantasme relayé sans fondement ?", poursuit l'organisation qui "dénonce fermement cette inégalité de traitement. La prison ne doit pas être le reflet d’une République à deux vitesses".