Le jeudi 25 septembre 2025 à 10:54 - MAJ jeudi 25 septembre 2025 à 16:33
Nicolas Sarkozy a été reconnu coupable d’association de malfaiteurs dans le cadre de l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. En revanche, il a été relaxé des chefs de recel de détournement de fonds publics et de corruption passive. La présidente du tribunal, Nathalie Gavarino, a expliqué qu’il était coupable d’association de malfaiteurs pour avoir "laissé ses proches collaborateurs (...) agir en vue d’obtenir des soutiens financiers" de la part du régime libyen.
L'ancien président de la République a été condamné à cinq ans d’emprisonnement avec mandat de dépôt à effet différé, assorti de l’exécution provisoire, pour association de malfaiteurs. Le tribunal a également condamné Nicolas Sarkozy à 100 000 euros d’amende et prononcé une interdiction des droits civiques, civils et de famille pendant cinq ans, ainsi qu’une inéligibilité de cinq ans. Le parquet national financier (PNF) avait requis sept ans de prison, 300 000 euros d’amende, cinq ans d’inéligibilité et d’interdiction d’exercer une fonction juridictionnelle. L'ancien président est convoqué le 13 octobre par le PNF afin de connaître la date de son incarcération, selon une source proche du dossier, confirmant une information du Carnard Enchaîné.
«Cette injustice est un scandale»
À sa sortie de l'audience, face aux journalistes, Nicolas Sarkozy a estimé que ce qui s'est passé au tribunal "est d’une gravité extrême pour l’Etat de droit" et "la confiance qu’on peut avoir en la justice". "J’assumerai mes responsabilités. Je déférerai aux convocations de la justice. Et s’ils veulent absolument que je dorme en prison, je dormirai en prison. Mais la tête haute. Je suis innocent", a ajouté l'ancien chef de l'État. "Cette injustice est un scandale. Je ne m’excuserai pas de ce que je n’ai pas fait". Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il fera appel.
Le tribunal correctionnel de Paris a rendu son jugement jeudi matin. L’audience s’est ouverte peu après 10 heures, en présence de Nicolas Sarkozy. L’ancien président de la République était poursuivi pour quatre délits : corruption passive, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs.
Le tribunal a estimé que les faits d’association de malfaiteurs, commis entre 2005 et 2007, étaient établis. En revanche, les magistrats ont écarté sa responsabilité pour les infractions de recel de détournement de fonds publics et de corruption passive.
Les anciens ministres Claude Guéant et Brice Hortefeux également condamnés
L’ancien ministre Claude Guéant a été déclaré coupable d’usage de faux et de blanchiment aggravé, de trafic d’influence, de corruption passive, et d’association de malfaiteurs. Il a été néanmoins relaxé de complicité de corruption passive et blanchiment aggravé, de recel de corruption passive et de complicité de financement illégal de campagne. L’ancien secrétaire général de l’Elysée a été condamné à six ans de prison et 250 000 euros d’amende. "Le tribunal tient compte de votre état de santé, incompatible aux yeux du tribunal avec une incarcération", a souligné la présidente, qui explique qu’il n’y aura donc pas de mandat de dépôt ni d’inéligibilité.
De son côté, l’ancien ministre Brice Hortefeux a été déclaré coupable d’association de malfaiteurs. Il était également poursuivi pour complicité de financement illégal de campagne électorale. L’ancien ministre est condamné à deux ans de prison, qui pourra être aménagée sous bracelet électronique avec exécution provisoire et 50 000 euros d’amende. Le tribunal a aussi prononcé une interdiction d’exercer une fonction publique et des droits civiques, civils et de famille pour cinq ans.
L’intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était également présent à l’audience, a écopé d'une peine de six ans de prison, ainsi que de 3 millions d’euros d’amende et d'une interdiction de gérer de quinze ans avec exécution provisoire.
L’homme d’affaires saoudien Khaled Bugshan est quant à lui condamné à trois ans de prison et 4 millions d’euros d’amende, ainsi qu’à une interdiction de gérer de dix ans, avec exécution provisoire. En outre, l’ancien directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, le Libyen Bechir Saleh est condamné à cinq ans de prison et 4 millions d’euros d’amende. Le tribunal a également prononcé une interdiction de gérer de quinze ans, avec exécution provisoire, ainsi qu’un mandat d’arrêt. Sivajothi Rajendram est condamné à dix-huit mois d’emprisonnement, une amende de 100 000 euros et un mandat d’arrêt le visant a été délivré.