Le samedi 15 avril 2023 à 17:00
Deux gendarmes de la brigade de Solesmes, rattachée à la compagnie de Cambrai (Nord), font l'objet d'une enquête pour viol en réunion. Des faits présumés commis en juin 2021 alors qu'ils étaient en service raconte La Voix du Nord. La victime, une travailleuse du sexe de 22 ans, aurait été prise en charge par les militaires alors qu'elle était en état d'ébriété et s'apprêtait à conduire. Elle aurait repris conscience dévêtue et en plein rapport sexuel avec les deux gendarmes dans son logement Airbnb à Caudry.
Le dossier, initialement confié à la brigade de recherches d'Avesnes-sur-Helpe, a été repris par le service des enquêtes judiciaires de l'inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN). Suite au recueil d'éléments probants et matériels, une information judiciaire a été ouverte. Les deux gendarmes ont été mis en examen en septembre 2021 et placés sous contrôle judiciaire. Leur hiérarchie les a suspendus provisoirement de leurs fonctions.
«Même à l'hôpital, on ne me croyait pas»
La plaignante, meurtrie par cette affaire, a raconté son expérience douloureuse à La Voix du Nord. Elle explique avoir été alcoolisée ce soir-là. Après être intervenue sur la place, les deux gendarmes ont pris la décision de la ramener à son logement Airbnb. La jeune femme se souvient avoir été portée sur leurs épaules, car elle était incapable de marcher, puis perdre connaissance. Elle aurait repris conscience nue et sur le lit, en plein acte, et les deux hommes l’auraient quittée précipitamment, la laissant en pleurs.
Dans son témoignage, elle souligne les difficultés qu'elle a rencontrées pour faire entendre sa voix : "Même à l'hôpital, on ne me croyait pas. Je me suis dit 'C’est bon, j’ai plus envie d’en parler'". Elle ajoute qu'elle avait l'impression que tout le monde était contre elle. La jeune femme a finalement décidé de déposer plainte.
Les gendarmes auraient évoqué des rapports consentis
Selon le quotidien régional, les deux gendarmes, mis en examen pour viol en réunion par personne ayant autorité, auraient quant à eux affirmé qu'ils avaient succombé aux avances de la jeune femme, qui ne semblait plus alcoolisée, et que les rapports sexuels étaient consentis. La question du consentement de la victime, une travailleuse du sexe, ainsi que l'attitude des deux gendarmes, qui étaient en mission de service public au moment des faits, sont des questions cruciales dans cette affaire.
"Je ne voulais pas porter plainte pour faire mon deuil
moi-même". Elle exprime aussi son inquiétude face à la
procédure judiciaire en cours : "Au fond de moi, je pense et
j’espère que la justice fera son travail, en reconnaissant que ce
n’est pas normal ce qu’il s’est passé ce soir-là. J’aimerais que ce
ne soit pas mon procès, mais bien le leur".