Le mercredi 16 avril 2025 à 20:35
Un début d’incendie a visé dans la nuit de mardi à mercredi l'immeuble d'une surveillante pénitentiaire à Villenoy (Seine-et-Marne). Des inscriptions "DDPF" (Défense des droits des prisonniers français) ont également été taguées sur les murs de la résidence, a-t-on appris de sources proches de l'affaire, confirmant une information du Parisien.
Vers 02h30, une habitante d’une résidence de la Maillette a alerté les secours après avoir entendu des bruits et des hurlements dans les parties communes de son immeuble. À son arrivée, elle a découvert un départ de feu à l’entrée du bâtiment. Les sapeurs-pompiers et les policiers se sont rendus sur place. Les premières investigations ont permis d’établir que l’incendie avait été déclenché à l’aide d'un cocktail Molotov. Une bouteille contenant du liquide inflammable avec une mèche et des allumettes ont été découverts à proximité.
Les enquêteurs ont rapidement appris qu’une locataire de l’immeuble était surveillante au centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin, situé à quelques kilomètres.
Une Renault Clio stationnée à proximité, à l’extérieur de l’enceinte privée, a également été dégradée. La vitre avant gauche a été brisée, des mouchoirs enflammés ont été posés sur le toit et une seconde bouteille d’essence a été retrouvée à proximité, précise l'une des sources.
La fonctionnaire a été relogée
Aucune victime n’est à déplorer. La fonctionnaire visée a été immédiatement relogée par l’administration pénitentiaire. Elle bénéficie également d’un soutien psychologique. Une enquête a été ouverte par le parquet de Meaux et confiée à la police judiciaire de Versailles.
Nouvelle attaque contre un personnel pénitentiaire !
Un incendie criminel a visé l’immeuble d’une surveillante pénitentiaire de Meaux, avec une inscription "DDPF" retrouvée sur place.
FO Justice condamne fermement cet acte lâche et apporte tout son soutien à notre… pic.twitter.com/MWfJUNDtUO
— FO JUSTICE (@SyndFoJustice) April 16, 2025
Il s’agit du deuxième acte de ce type en quelques jours dans le département de Seine-et-Marne. Dans la nuit de dimanche à lundi, un véhicule a été incendié sur le parking du personnel du centre pénitentiaire de Réau. Un second véhicule y avait également été dégradé.
Durant la nuit de mardi à mercredi, plusieurs autres faits ont été enregistrés en France. À Tarascon (Bouches-du-Rhône), trois véhicules appartenant à des agents pénitentiaires ont été incendiés devant la prison. Un autre véhicule, stationné devant le domicile d’un surveillant, a également été détruit par les flammes.
Depuis dimanche, une série d’attaques a visé plusieurs établissements pénitentiaires dans différents départements : à Nanterre (Hauts-de-Seine), Villepinte (Seine-Saint-Denis), Marseille, et Toulon (Var), où des tirs de Kalachnikov ont été dirigés contre la porte de la prison. Des tags similaires à ceux retrouvés à Villenoy ont été observés sur plusieurs sites.
«C’est une intimidation grave et on essaie de voir si l’État va reculer»
Le parquet national antiterroriste s’est saisi du dossier mardi. Selon plusieurs sources proches du dossier, ces actions seraient liées à la stratégie du ministère de la Justice contre le narcobanditisme, notamment à travers la création de nouvelles prisons de haute sécurité à Vendin-le-Vieil et Condé-sur-Sarthe. "C’est une intimidation grave et on essaie de voir si l’État va reculer. C’est ça qui se passe. Je pense qu’il faut prendre les choses avec beaucoup de fermeté, beaucoup de calme et beaucoup de détermination", a estimé le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, sur CNews, ce mercredi matin.
La préfecture de Seine-et-Marne a mis en place des patrouilles de police autour des établissements pénitentiaires et des logements des surveillants. Les équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS) ainsi que les équipes locales de sécurité pénitentiaire (ELSP) sont mobilisées.