Un garagiste de Speedy diffuse une vidéo montrant l'intérieur et l'immatriculation d'un «sous-marin» de la police

INFO ACTU17. Un employé du garage Speedy de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) a filmé et diffusé sur les réseaux sociaux l’intérieur d’un véhicule de police banalisé, un "sous-marin", ainsi que sa plaque d’immatriculation. La vidéo a été largement partagée sur les réseaux sociaux. Un suspect a été placé en garde à vue et une enquête a été ouverte.
Un garagiste de Speedy diffuse une vidéo montrant l'intérieur et l'immatriculation d'un «sous-marin» de la police
Un employé d'un garage Speedy a filmé l'intérieur d'un véhicule de police banalisé, la plaque d'immatriculation, ainsi que la facture. (capture écran vidéo)
Par Stéphane Cazaux
Le mercredi 2 octobre 2024 à 17:51 - MAJ vendredi 4 octobre 2024 à 17:11

Un employé du garage Speedy de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), qui était chargé de s'occuper d'un véhicule de police banalisé, un "sous-marin", a filmé l'intérieur de la voiture et sa plaque d'immatriculation, puis a diffusé sa vidéo sur les réseaux sociaux au début du mois de septembre. Les images ont notamment été partagées sur plusieurs profils publics Snapchat, suivis par des dizaines de milliers de personnes, comme nous avons pu le constater.

Cette vidéo dure une minute. L'employé fait une visite guidée du véhicule qui est utilisé par les policiers du Service départemental de police judiciaire des Hauts-de-Seine (SDPJ 92).  Les fonctionnaires l'avaient déposé dans ce garage pour une révision. "Attention si vous voyez ça, c'est le sous-marin celui-là", lâche le garagiste, en filmant la plaque d'immatriculation du véhicule utilitaire. Il ouvre ensuite la porte arrière. "Caméra à l'arrière, dans le feu stop", poursuit-il, puis filme l'intérieur de la voiture. "Il y a même un chiot pour pisser. Ouais, ils sont forts", continue l'employé. Il termine sa vidéo en montrant la facture du garage sur laquelle il est mentionné qu'il s'agit d'un véhicule de police.

"Cela dénote un manque total de professionnalisme et surtout de sérieux de la part de cet employé", s'agace un enquêteur des Hauts-de-Seine. "Sans parler du fait que de nombreux garagistes sont maintenant habilités pour consulter et utiliser une partie du Système d'immatriculation des véhicules (SIV). Un fichier qui leur permet d'obtenir des informations personnelles sur leurs clients, dans le but de faciliter leurs démarches".

Utilisé pour observer des suspects «du dealer jusqu'au criminel»

"Les véhicules comme celui qui apparaît dans cette vidéo sont utilisés par tous les services d'enquête", souligne ce même enquêteur. "Ils permettent d'observer discrètement les faits et gestes de suspects, du dealer jusqu'au criminel, et ainsi d'obtenir des éléments qui peuvent être déterminants pour les enquêtes". Pourquoi ce garage Speedy était-il chargé de la révision de ce véhicule de police ? "La préfecture de police de Paris confie depuis quelques années les réparations et l'entretien de la plupart des véhicules de police a des prestataires privés, pour réduire les coûts", confie un officier parisien. "Certaines réparations sont néanmoins toujours effectuées par les garages de la préfecture de police, qui étaient, par le passé, chargés de l'entretien de tous les véhicules".

Un suspect a été placé en garde à vue le 26 septembre dernier dans cette affaire, nous indique ce jeudi le parquet de Nanterre, qui précise avoir ouvert une enquête. "À l'issue de cette mesure, la procédure n’a pas encore fait l’objet d’une décision d’orientation par le parquet", précise la même source.

«Speedy France a rapidement mis en place les mesures appropriées à l'égard du collaborateur»

Sollicité, Speedy France n'a d'abord pas souhaité réagir, puis a transmis un communiqué à Actu17 ce vendredi 4 octobre, 48 heures après la diffusion de notre article : "Speedy France a été informé qu’un de ses employés a divulgué sur les réseaux sociaux des informations sensibles susceptibles de compromettre la sécurité des forces de l’ordre. Speedy France tient à exprimer de manière ferme et sans ambiguïté qu’elle condamne cet acte isolé avec la plus grande fermeté. Ce comportement non professionnel entache l’engagement de milliers de collaborateurs investis quotidiennement et va à l'encontre des valeurs et de l’intégrité de l'entreprise. En conséquence, Speedy France a rapidement mis en place les mesures appropriées à l'égard du collaborateur. Speedy France n’est pas en mesure de partager d’informations concernant l’enquête en cours menée par les autorités. L’entreprise réaffirme son engagement à coopérer pleinement avec les forces de l’ordre et à préserver la sécurité ainsi que la confiance de ses clients, partenaires et collaborateurs. Nous regrettons que cet acte isolé vienne entacher notre image".

Sollicité, la préfecture de police de Paris n'a pas souhaité réagir.