Le mercredi 4 juin 2025 à 15:19
Un Franco-marocain de 24 ans, Badiss Mohammed Bajjou, a été arrêté ce mardi 3 juin à Tanger (Maroc). Il est soupçonné d’avoir commandité plusieurs enlèvements violents dans le milieu des cryptomonnaies, notamment celui de David Balland, cofondateur de la société Ledger.
Recherché par Interpol et visé par plusieurs mandats d’arrêt internationaux, Badiss Mohammed Bajjou était poursuivi pour "extorsion en bande organisée", "enlèvement et séquestration en bande organisée", "violences aggravées" et "blanchiment en bande organisée". Né au Chesnay (Yvelines), il a été appréhendé par la police locale à la suite d’une coopération étroite entre les ministères de l’Intérieur français et marocain. "Je remercie sincèrement le Maroc pour cette arrestation qui montre l’excellente coopération judiciaire entre nos deux pays, en particulier contre la criminalité organisée", a écrit le ministre de la Justice Gérald Darmanin sur X, confirmant une information du Parisien.
Je remercie sincèrement le Maroc pour cette arrestation qui montre l’excellente coopération judiciaire entre nos deux pays, en particulier contre la criminalité organisée. https://t.co/2nLxfKVHmU
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) June 4, 2025
Badiss Mohammed Bajjou est soupçonné d’avoir orchestré depuis le Maroc l’enlèvement de David Balland et de sa compagne, survenu le 21 janvier 2025 à leur domicile à Méreau (Cher). David Balland a été torturé — un doigt lui a été sectionné — afin de contraindre au paiement d’une rançon en bitcoins (BTC). Environ trois millions d’euros ont été transférés, mais la majorité des fonds a pu être bloquée. Le lendemain, l’homme a été libéré à Châteauroux (Indre) après une intervention des gendarmes du GIGN. Sa compagne a été retrouvée ligotée dans le coffre d’un véhicule dans l’Essonne le jour suivant.
Au moins neuf personnes ont été mises en examen pour cet enlèvement, mais les commanditaires manquaient jusqu’alors à l’appel. D’après Le Parisien, Badiss Mohammed Bajjou aurait organisé les faits avec un complice toujours en fuite.
Le Franco-marocain est également soupçonné d’avoir commandité l’agression d’une quinquagénaire en 2023 dans les Yvelines, pour contraindre son fils à verser une somme en cryptomonnaie. Il pourrait aussi être impliqué dans d’autres affaires récentes, notamment une tentative d’enlèvement survenue le 13 mai dans le XIe arrondissement de Paris. Ce jour-là, la fille et le petit-fils du PDG de la société Paymium avaient été agressés en pleine rue par plusieurs individus encagoulés, avant que leur tentative échoue grâce à l’intervention de témoins. La scène avait été filmée et largement relayée sur les réseaux sociaux.
Une autre tentative d’enlèvement avait été planifiée la veille, mais elle avait échoué en raison de "problèmes matériels", selon le parquet de Paris. Le 26 mai, un projet similaire a été déjoué près de Nantes. Deux commandos devaient intervenir avec deux camionnettes, mais l’intervention rapide des forces de l’ordre a permis d’empêcher l’action. Ces projets auraient des liens avec la séquestration, le 1er mai, du père d’un homme ayant fait fortune grâce aux cryptomonnaies.
À Paris, vingt-cinq jeunes âgés de 16 à 23 ans ont été mis en examen pour des tentatives ou projets d’enlèvements, la semaine dernière. Il s'agit pour la grande majorité de "petites mains" rémunérées pour passer à l'acte.