Peine de mort ou prison à vie ? Jugé pour une tuerie dans un lycée de Floride, Nikolas Cruz face à ses juges

Nikolas Cruz a ouvert le feu dans un lycée de Parkland, en Floride (États-Unis), le 14 février 2018. 17 personnes dont 14 élèves ont été tuées, 17 autres blessées. Il s'agit de l'une des pires tueries de masse en milieu scolaire dans le pays.
Peine de mort ou prison à vie ? Jugé pour une tuerie dans un lycée de Floride, Nikolas Cruz face à ses juges
Nikolas Cruz au tribunal de Fort Lauderdale, en Floride, le 20 octobre 2021. (Getty Images North America / AFP)
Par Actu17 avec AFP
Le lundi 18 juillet 2022 à 18:38

Peine de mort ou prison à vie ? Un procès a débuté lundi en Floride pour fixer la sentence de l'auteur d'une des pires tueries en milieu scolaire aux États-Unis, celle du lycée de Parkland qui a fait 17 morts en 2018.

Reflet de l'immense émotion soulevée par ce drame, il a fallu près de trois mois pour sélectionner douze jurés, sept hommes et cinq femmes, jugés suffisamment impartiaux pour décider du sort de Nikolas Cruz, 23 ans.

Lundi matin, le jeune homme vêtu d'un pull gris et bleu, de grosses lunettes et d'un masque anti-Covid, s'est présenté devant eux dans un tribunal de Fort Lauderdale, où plusieurs proches de ses victimes avaient pris place. Le 14 février 2018, il avait semé l'effroi à Parkland, une petite ville au nord de Miami, en ouvrant le feu avec un fusil semi-automatique dans le lycée Marjory Stoneman Douglas, dont il avait été exclu un an plus tôt.

En octobre, il a plaidé coupable des 17 meurtres commis ce jour-là, ceux de 14 élèves et trois adultes, et de 17 tentatives de meurtre, une par blessé.

Son procès vise uniquement à déterminer s'il mérite la peine capitale comme le requièrent les procureurs. Si un seul juré s'y oppose, Nikolas Cruz sera condamné à une peine incompressible de réclusion à perpétuité.

Ce procès, qui devrait durer plusieurs mois, a un caractère singulier tant il est rare, aux États-Unis, que les auteurs de tels carnages survivent à leur attaque. Il intervient dans un pays sous le choc d'une série de fusillades sanglantes dans une école primaire (21 morts dont 19 enfants), un supermarché (10 morts, tous Afro-Américains) et un défilé de la fête nationale (7 morts).

«Néant»

Les audiences s'annoncent éprouvantes avec les témoignages de proches des victimes et de rescapés, ainsi que la diffusion de vidéos enregistrées par les témoins du drame.

Les avocats de Nikolas Cruz devraient plaider que leur client est atteint de troubles mentaux et rappelé qu'il a présenté ses excuses. "Je suis vraiment désolé de ce que j'ai fait, j'en porte le poids chaque jour", avait-il déclaré en octobre. L'accusation devrait insister sur la nature préméditée du crime, en s'appuyant sur une vidéo enregistrée avant le passage à l'acte. "Que commence aujourd'hui mon massacre. Que tous les enfants effrayés courent se cacher", disait-il. "Ma vie est néant et n'a aucun sens", ajoutait-il, annonçant vouloir se rendre dans son ancienne école en véhicule Uber armé d'un fusil AR-15.

Malgré ses antécédents psychiatriques et des signalements sur sa dangerosité, Nikolas Cruz avait en effet pu acheter légalement ce fusil, une version civile des fusils d'assaut. Après le drame, ses victimes avaient déposé plainte contre la police fédérale, accusée de n'avoir pas suivi ces "tuyaux". Le ministère de la Justice a accepté en mars de leur verser 127,5 millions de dollars pour mettre un terme à ces poursuites.

24 000 morts

L'attaque de Parkland était le pire massacre commis en milieu scolaire aux États-Unis depuis la tuerie de l'école Sandy Hook, à Newtown dans le Connecticut, en 2012 lors de laquelle 26 personnes avaient péri.

Elle avait suscité une mobilisation record menée par plusieurs jeunes rescapés et les parents de victimes. Le 24 mars 2018, la "Marche pour nos vies" avait rassemblé 1,5 million de personnes à travers le pays, la plus grande manifestation nationale pour un meilleur encadrement des armes à feu de l'histoire des États-Unis.

Malgré les espoirs des manifestants, aucune réforme législative n'avait été adoptée au Congrès, et les ventes d'armes à feu ont continué à augmenter ces dernières années aux États-Unis, notamment durant la pandémie de Covid-19.

Elles ont fait plus de 24 000 morts, dont 13 000 suicides, depuis le début de l'année, selon le site Gun Violence Archives. Les drames récents ont été suivis de l'adoption d'une loi fédérale à la portée modeste, qui prévoit surtout de renforcer les fonds alloués à la sécurité des écoles et à la santé mentale.