Assassinat de Narumi Kurosaki : Nicolas Zepeda soutient qu'elle était vivante après sa disparition

L'accusé nie avoir tué son ex-petite amie Narumi Kurosaki, mais également d'avoir envoyé des messages avec le téléphone de la victime après sa mort.
Assassinat de Narumi Kurosaki : Nicolas Zepeda soutient qu'elle était vivante après sa disparition
Nicolas Zepeda, un Chilien de 31 ans accusé d'avoir assassiné son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki, lors de son procès à Besançon, le 29 mars 2022. (AFP)
Par Actu17 avec AFP
Le jeudi 31 mars 2022 à 18:44

Nicolas Zepeda, accusé d'avoir assassiné l'étudiante japonaise Narumi Kurosaki entre le 4 et le 5 décembre 2016 à Besançon, a continué de soutenir jeudi au troisième jour de son procès que l'étudiante japonaise était encore vivante après leurs "belles retrouvailles".

Le Chilien de 31 ans, qui a toujours clamé son innocence, affirme avoir quitté la jeune femme en bonne santé le 6 décembre 2016 après deux nuits et une journée passées avec elle. A l'audience, son avocate Me Jacqueline Laffont, a diffusé des photos des deux jeunes, souriants, lors de la soirée du 4 décembre. Nicolas Zepeda est le dernier à avoir vu la jeune femme de 21 ans vivante.

Après cette date, ses proches ont reçu des messages étranges avec des formules qui ne lui ressemblaient pas, telle que "merci de t'en soucier" en français, une formule plutôt hispanique selon l'accusation. Ils ont rapidement estimé que quelqu'un d'autre avait écrit à la place de Narumi ces messages incohérents durant plusieurs jours. Dans ces messages, la jeune femme expliquait son absence les jours suivants par un déplacement à Lyon.

Mais Nicolas Zepeda a réfuté cette idée jeudi lors de son premier interrogatoire sur les faits par la cour d'assises du Doubs, un temps fort du procès : "Je nie avoir moi-même écrit ces messages", a-t-il insisté, jugeant que l'enquête de la police "n'était pas exhaustive". "Narumi ne mentait pas", elle allait bien à Lyon. "J'aimerais bien savoir ce qu'elle avait dans la tête à ce moment-là, mais je ne le sais pas", a déclaré aux jurés l'homme en chemise blanche et cravate ajustée, enchaînant les réponses d'une voix affirmée.

Quelques larmes

"Est-ce qu'il vous arrive, à vous, de mentir, M. Zepeda ?", lui a demandé l'avocate de la famille Kurosaki, Me Sylvie Galley, dans un moment tendu. "Je n'ai pas l'intention de mentir, j'essaie de faire toujours ce qui est correct", a-t-il répondu, imperturbable, après un moment de silence.

Le feu roulant des questions, que souvent l'accusé s'exprimant en espagnol affirme ne pas bien comprendre, s'est ensuite poursuivi avec Me Randall Schwerdorffer, l'avocat d'Arthur Del Piccolo, le petit ami français de Narumi Kurosaki au moment des faits et partie civile. "Vous êtes son premier amour. C'est important. Après une telle histoire, après ces 30 dernières heures de passion que vous décrivez (dans la chambre de Narumi à Besançon), elle ne vous recontacte pas", constate le conseil. Après le 6 décembre, "jamais, vous n'avez contacté Narumi, ni sa famille. Pourquoi ?", demande-t-il, avant d'asséner : "Vous aviez peut-être raison de ne pas l'appeler, si elle ne pouvait pas répondre. On n'appelle pas un mort". Nicolas Zepeda, ayant évoqué de "belles retrouvailles" avec Narumi Kurosaki, laisse échapper quelques larmes.

"Narumi avait peur"

Plus tôt dans la journée, les amies japonaises qui étudiaient avec Narumi Kurosaki en 2016 à Besançon, ont été entendues par la cour, en visioconférence depuis le tribunal de Tokyo. Lors d'une soirée fin novembre entre étudiants japonais, "Narumi a raconté qu'elle avait un problème avec son ex-petit ami", Nicolas Zepeda, qui "avait piraté son compte Facebook" et la surveillait sur internet, a confié Kaori Nishida. "Narumi avait peur de lui", selon elle.

A Besançon, Narumi Kurosaki était en couple avec Arthur Del Piccolo, mais Nicolas Zepeda "continuait à lui écrire et elle m'a parlé de son attachement persistant", a abondé Miharu Kimura. "Il lui avait dit qu'il viendrait la retrouver en France, elle ne savait pas quoi faire", a-t-elle assuré. "Elle était très embêtée". Les étudiantes japonaises sont parmi les premières à s'inquiéter de sa disparition, à partir du 5 décembre 2016, et à la signaler.

Quelques jours après, lors de l'ouverture de sa chambre étudiante par un employé de la résidence, Miharu Kimura remarque qu'il manque une valise, ainsi qu'une couverture : "J'ai eu le sentiment que quelque chose de lugubre était arrivé". L'avocat général Etienne Manteaux a aussi noté l'absence de serviettes de toilette.

Le Chilien de 31 ans encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour meurtre avec préméditation. Le procès doit se poursuivre jusqu'au 12 avril.